La décision de Bensalah d'écarter Heba El Okbi, le désormais ex-secrétaire général de la présidence de la République, qui a mené, il y a une semaine, la conférence de dialogue, peut supposer que cette option a été mise au placard ouvrant la porte à une nouvelle plus favorable à la revendication populaire. C'est devenu un rituel. Ahmed Gaïd Salah effectue, chaque semaine, un déplacement dans une wilaya, dans le cadre de ses visites d'inspection, et s'adresse aux Algériens. Aujourd'hui, il sera à Constantine et il est attendu qu'il s'exprime à nouveau sur la crise actuelle du pays. Son discours va prendre en compte la réaction du peuple, exprimée au 10e vendredi des manifestations, à sa dernière proposition. Assez ambiguë, il faut le dire. Puisque le chef d'état-major, lors de son déplacement de deux jours à Blida avait prononcé deux discours. Dans le premier, le général avait expliqué la démarche à suivre: accepter l'initiative de dialogue de Bensalah, aller vers une élection présidentielle qui permettra au peuple de choisir son président et ce dernier «aura la légitimité requise pour satisfaire le reste des revendications populaires légitimes». Simplement dit, le général de corps d'armée a proposé une présidentielle dans les délais constitutionnels. Il a aussi dénoncé «le boycott de toutes les démarches, y compris l'initiative de dialogue» non sans mettre en garde contre ceux qui incitent «à empêcher les responsables d'accomplir leurs missions». Le lendemain, le général de corps d'armée prononce un second discours pour réaffirmer l'engagement de l'Anp à «accompagner le peuple et ses institutions à travers la mise en oeuvre des solutions possibles, tout en approuvant toute proposition constructive et initiative utile allant dans le sens du dénouement de la crise». Alors, que soutient Gaïd Salah: uniquement la solution constitutionnelle ou est-il ouvert pour une solution politique? Jeudi, les citoyens de Saïda ont choisi de répondre à la première proposition du vice-ministre de la Défense nationale en organisant un sit-in pour empêcher le ministre du Tourisme d'effectuer sa visite sur le terrain. Vendredi, c'est dans les 48 wilayas du pays, que le peuple a encore une fois affiché son niet catégorique à voir le chef de l'Etat par intérim Abdelkader Bensalah et le Premier ministre Noureddine Bedoui, des figures de l'appareil hérité de l'ex-président de la République, organiser le dialogue, encore moins à encadrer et garantir un scrutin libre et équitable pour désigner un nouveau président. Dans son discours qui interviendra aujourd'hui ou demain, le général devrait prendre en compte la réponse du peuple auquel il a donné serment «nous affirmons que nous comprenons ses revendications légitimes (du peuple, Ndlr) pour lesquelles nous nous sommes engagés à oeuvrer à les concrétiser (...) La décision de protéger le peuple, avec ses différentes composantes, est une décision irréversible et dont nous ne dévierons point». Ahmed Gaïd Salah estime que le temps presse et il n'a pas tort sur ce point. Et en prenant en ligne de compte la décision de Bensalah d'écarter Heba El Okbi, le désormais ex-secrétaire général de la présidence de la République qui a mené, il y a une semaine, la conférence de dialogue annonçant la présidentielle pour le 4 juillet, cela peut supposer que cette option a été mise au placard ouvrant la porte à une nouvelle qui pourrait répondre favorablement à la revendication populaire. Outre ce volet politique, il est attendu que le chef d'état-major revienne sur les affaires de corruption, la réponse diligente de la justice et sûrement sur la mise au point du ministère de la Défense nationale (MDN). Ce dernier, faut-il le rappeler, a dénoncé «une tentative de désinformation avérée» de certains titres de la presse nationale qui «ont présenté des lectures erronées» du discours d'Ahmed Gaïd Salah l'accusant d'avoir donné «des injonctions» à la justice pour l'ouverture des dossiers liés à la corruption. Et sur cette question, Gaïd Salah n'est pas du tout content.