Cette 6e édition sera dédiée cette année au poète maudit Si Mhand U Mhand qui a fait couler beaucoup d'encre... Cette année, le festival du film amazigh qui en est à sa 6e édition revêt une dimension internationale, c'est ce que nous ont affirmé les organisateurs de cet événement cinématographique qui se tiendra du 26 au 31 décembre dans la capitale de la vallée du M'zab, à Ghardaïa. Pour annoncer son programme, un point de presse a été tenu hier au siège de la Bibliothèque nationale d'El Hamma, par M.Youcef Merahi, secrétaire général du HCA, et le président-commissaire du festival Assad Si Lhachemi en présence de l'écrivain et directeur de la BNA, Amine Zaoui. Ce dernier, dans son allocution de bienvenue, remerciera le HCA qui fait contribuer son institution «à affirmer notre idendité amazighe». Il annonce par ailleurs sa volonté de collecter et de récupérer tout le fonds littéraire et audiovisuel en langue amazighe. «La Bibliothèque, qui possède plus de 40.000 documents autour de cette langue, son histoire et sa civilisation, prévoit dans le cadre de son café-ciné la projection en 2006 de tous les films qui seront programmés à Ghardaïa.» Pour sa part, M.Merahi a réitéré «sa volonté de dépoussiérer et mettre de l'ordre dans ce dossier de l'amazighité. Chaque année, des actions en ce sens sont entreprises et ont trait à la réhabilitation et à la promotion de l'amazighité», et ce, à travers la tenue notamment du Salon du livre de Bouira, l'organisation de colloques tendant à sauvegarder le patrimoine immatériel de l'amazighité à Béjaïa. A propos de ce 6e festival, ce dernier se veut, selon ses organisateurs, un événement «itinérant fonctionnant sous forme de caravane culturelle artistique sans une date fixe pour ne pas tomber dans la routine», dira M.Assad. Placé sous le patronage du président de la République M.Abdelaziz Bouteflika et organisé sous l'égide du HCA en partenariat avec les ministères de la Culture et de l'Education, l'Onda avec le soutien de plusieurs sponsors, cet événement coïncidera cette année avec la tenue des olympiades nationales et le Marathon international, et vise, selon le commissaire, M.Assad, à traiter le 7e art et le situer sur la scène en Algérie. En ce sens, un travail de collecte et d'inventaire des films en amazigh s'inscrit dans la politique du HCA. Le festival qui, rappelle-t-on, a pour vocation de présenter des films en langue amazighe, dans toutes ses variantes, a émis cette année la condition de sous-titrage de tous les films participants, que ce soit en langue arabe ou française et ce, avec l'ambition de les programmer dans le reste des régions du pays. Au programme de cette 6e édition, nous indique-t-on, 17 films seront diffusés en compétition à raison de quatre films par jour et un long métrage de fiction. C'est le film Tanja de Hassen Legzouli qui, s'exprimant en chleh (langue amazighe du Maroc), ouvrira la manifestation qui attribuera, le 31 décembre en soirée, les trophées Olivier d'or et d'argent d'une valeur respective de 60 et 20 millions de centimes. Le jury sera constitué notamment d'Amine Zaoui, Aït Oumeziane, directeur du Cnca (Centre cinématographique algérien), et Slimane Benaïssa, acteur, metteur en scène et professeur de lettres à la fac en France. Les films hors compétition seront pour la majorité des classiques qui seront projetés grâce au Cnca dans le cadre des cinébus et sillonneront ainsi toute la région de la vallée du M'zab, en marge de ce festival. Parmi eux, on peut citer Machahu de Belkacem Hadjadj, La Montagne de Baya d'Azzedine Meddour et Tahia ya Didou de Mohamed Zinet. Au programme également une Rétrospective histoire et identité organisée en partenariat avec le festival du court métrage de Clermont Ferrand qui présentera Mon village d'Algérie de Hakim Sahraoui et Cousines de Lyès Salem. Dans ce troisième axe comprenant les activités de ce festival, un regard sera jeté sur l'Irlande à travers son 7e art. Toute une délégation sera ainsi accueillie pour faire connaître et confronter les expériences. Outre des réalisateurs, des artistes d'ici mais aussi de là-bas animeront la soirée de clôture qui se veut être fêtée dans la liesse. Des ateliers de formation à l'adresse de 50 jeunes seront également organisés et comprenant trois catégories d'âge, que ce soit dans l'apprentissage du son, du montage ou l'aide à l'écriture de scénario, impulsés par ailleurs grâce au Centre cinématographie français (CNC). Il sera question de manipuler le matériel afin de réaliser des portraits notamment sur les réalisateurs, un regard sur le festival et un sur la ville de Ghardaïa. Une sélection se fera par la suite qui se soldera par une bourse à l'étranger aux meilleurs de ces «élèves». Un autre atelier baptisé «Education à l'image» est destiné à 70 enfants de Beni Yzguène afin de les éveiller au plaisir de l'image audiovisuelle a fortiori cinématographique. A propos de la polémique qui a entouré l'année dernière, le film de M'Hand U Mhand, ce barde maudit auquel le festival rendra hommage cette année, M. Merahi expliquera cette «énigme» selon ses dires par le fait que les réalisateurs lui ont demandé l'année dernière de payer la copie du film, ce qui, d'après lui, était impossible d'où son retrait à la dernière minute du programme. Le festival qui cette année prend plus d'ampleur grâce au soutien de diverses institutions, avoue en outre ne pas avoir assez de moyens pour établir des trophées distinguant le documentaire du film-fiction, deux styles au demeurant complètement différents. Gageons que ce sera pour l'année prochaine. En attendant, le festival de Ghardaïa promet, quant à lui, bien des surprises et du bouillonnement. A ne pas s'ennuyer... Notons que Tlemcen serait sa prochaine escale.