La fin de la « guerre froide » entre les deux compagnies aériennes algériennes sera signée demain. Air Algérie et Khalifa Airways s'emploient à faire converger leurs intérêts mutuels sous la forme d'un premier accord dont on saura plus demain. Quoi qu'il en soit et au-delà du plein emploi des moyens de l'une ou l'autre compagnie, toutes deux recherchent la meilleure voie pour faire face aux turbulences du choc du 11 septembre dernier subi par toutes les compagnies aériennes du monde : baisse du trafic, augmentation démesurée décidée par les assureurs, renforcement des mesures de sécurité, etc. Certaines de ces compagnies, et non des moindres, ont d'ailleurs dû met- tre la clé sous le paillasson. D'autres n'ont dû leur salut qu'à l'intervention directe de leur gouvernement. Même si nos deux compagnies algériennes ne sont pas empêtrées dans un tel marasme pour avoir toujours été hors du champ des ressources du tourisme international, il n'empêche qu'elles n'en sont pas tout à fait indemnes. Unir leurs moyens respectifs dans cette conjoncture difficile est loin d'être une mauvaise chose. A la jeune compagnie privée, Air Algérie peut offrir beaucoup de prestations à moindre coût et ainsi garnir son carnet de commandes. Dotée récemment d'un centre de maintenance ultramoderne, la compagnie nationale, ne peut que se réjouir d'ajouter à sa liste de clients la flotte de Khalifa Airways. Tandis que cette dernière tirera, à coup sûr, profit du vaste réseau de billetterie dont dispose Air Algérie. Ces deux aspects, clairement exprimés par nos deux compagnies, ne sont pourtant pas limitatifs. De l'avis d'observateurs avisés leurs relations devraient s'étendre bien au-delà. En matière d'affrètement par exemple pour permettre à l'une et à l'autre une meilleure rotation de leurs parcs. Pour le cartering également, Khalifa Airways pourrait certainement profiter des capacités avérées d'Air Algérie et, inversement pour cette dernière, bénéficier d'un nouveau débouché. On le voit bien les deux compagnies ont tout intérêt à se rapprocher. Et si l'embellie qui prévaut s'inscrit dans la durée, d'autres actions peuvent être envisageables. Comme celle de résoudre sans heurts le problème de sureffectif de notre compagnie nationale. Dans un autre registre, Air Algérie pourrait même lorgner du côté des avantages que peut offrir un groupe avec ses filiales telles que El Khalifa Bank, la location de voitures, ... tout ce qui tend vers un produit intégré. Il est important de relever que l'accord qu'annonceront demain MM. Tayeb Benouis et Abdelmoumen Khelifa, intervient alors qu'une compagnie étrangère, Air Lib est annoncée dans le ciel algérien. Même si cette nouvelle concurrence reste toute relative et aux dernières nouvelles vit une grave crise interne qui met aux prises ses deux plus hauts dirigeants, il n'est pas superflu que les deux transporteurs algériens consolident leurs positions en prévision de tous les coups de boutoir rendus possibles par l'ouverture du marché. Plus important encore est le processus de privatisation enclenché, il y a peu, par la compagnie Air Algérie. Celui-ci, toujours en cours, n'est pas à l'abri d'une baisse d'attractivité due à la morosité ambiante vécue par le transport aérien dans le monde. Auquel cas pourquoi et à terme ne pas envisager une prise de participation de Khalifa? En tout cas, la décision d'Air Algérie et Khalifa Airways d'unir leurs efforts dans certains secteurs est de bon augure. Le bénéfice sera celui du pavillon algérien et la fin du tabou public-privé.