C'est demain, à 10h 15min, qu'atterrira sur le tarmac de l'aéroport Houari-Boumediene le premier avion d'Air Lib en provenance de Paris. Première compagnie aérienne française à fouler le sol algérien sept années après que Air France eut décidé de le boycotter en décembre 1994. Une destination pourtant très rentable puisque Air Lib compte sur cette ligne pour se renflouer. Cette compagnie table sur 150.000 passagers à transporter la première année et plus les années suivantes. Elle espère ainsi dégager un bénéfice d'exploitation de plus de 53 millions d'euros qui l'aideront à surmonter les graves problèmes financiers qui menacent son existence. Surtout depuis la faillite de son ancien actionnaire Swissair. Le Paris-Alger-Paris sera ainsi assuré par deux compagnies. La première étant Air Algérie. Khalifa Airways attend toujours son autorisation de l'aviation civile française pour desservir cette ligne. Air France, en revanche, maintient toujours son refus de reprendre cette destination pour d'obscures raisons qu'elle «maquille» en conditions de sécurité. Un argument qui ne tient plus la route, car chacun sait que depuis 1994 et après des réaménagements, l'aéroport d'Alger est considéré par les experts internationaux comme l'un des plus sûrs au monde. Et comme si l'entrée en scène d'Air Lib ne laissait pas Air France indifférent, celle-ci, par la voix de son porte-parole, vient d'annoncer qu'elle «n'avait pas complètement abandonné l'idée de revenir un jour vers l'Algérie». Air France n'attendrait plus que «de nouveaux contacts se présentent». Des faux-fuyants que n'a pas Air Lib, plus soucieuse de son redressement et qui mise beaucoup sur la desserte d'Alger pour s'en sortir. Si l'arrivée de cette compagnie française dans le ciel d'Alger est un événement pour les passagers qui empruntent la ligne, elle n'est pas de nature à inquiéter outre mesure la compagnie nationale Air Algérie qui, depuis la défection d'Air France, exploite la ligne en position de «monopole». Le directeur général, M.Tayeb Bennouis, a, à plusieurs occasions, précisé: «La concurrence loyale ne nous fait pas peur.» Air Algérie est d'ailleurs entrée dans la logique du marché depuis un certain temps déjà. L'annonce de l'ouverture de son capital social et son partenariat signé récemment avec Khalifa Airways en sont les principales illustrations. Quoi qu'il en soit, s'il est bien une partie qui tirera profit de cette desserte, c'est bien la compagnie française. Elle qui avait inscrit cette étape dans ses orientations économiques pour la relance et qui a reçu vendredi dernier la bénédiction du Comité d'entreprise (CE). Tout cela nous éloigne des motifs d'Air France dans ses atermoiements pour la reprise de cette ligne. Il lui faudra certainement trouver maintenant autre chose pour expliquer tout le manque à gagner qu'elle s'impose. Dans un premier temps, Air Lib a inscrit dans son programme deux allers-retours quotidiens en MD 83 (avions de 159 places). Pour son salut.