«L'absence d'un pavillon français à Alger est une anomalie». Il était 10h 15 lorsque l'hôtesse de l'aéroport Houari-Boumediene annonce l'arrivée de l'avion MD 83 d'Air Lib sur la piste en provenance d'Orly. Ce vol vient de donner le coup d'envoi à la liaison aérienne Paris-Alger d'une compagnie française, après plus de 8 ans de rupture forcée due au détournement de l'Airbus Air France en 1994. Avec à son bord une soixantaine de voyageurs le P-DG d'Air Lib et quelques invités la petite compagnie Air Lib qui vient juste d'échapper à une liquidation, est devenue le premier pavillon français à assurer la desserte vers Alger par des vols réguliers. Deux allers-retours quotidiens. En accord avec la compagnie privée algérienne Khalifa Airways, Air Lib assurera la liaison de plus de 19.000 voyageurs par année à raison de 480 euros (2.400 FF): «C'est un modeste objectif pour commencer qui est appelé à être plus important» a indiqué le P-DG de la compagnie, M.Jean-Charles Corbet. Cela représente un chiffre d'affaires de 91.200.000 euros. M.Jean-Charles Corbet a ajouté que «l'absence d'un pavillon français en Algérie constitue une anomalie». Dans ce sens, le P-DG d'Air Lib a insisté sur la nécessité d'oeuvrer pour consolider les liens aériens entre les deux capitales. Le premier pas vers cette consolidation, affirme-t-il, a été franchi par la levée de l'interdiction de desservir Alger, à l'occasion de la visite de Bouteflika à Paris. Au-delà de l'aspect politique et commercial, la ligne Alger-Paris représente, pour cette compagnie, un espoir de recettes substantielles pour sortir de ses soucis financiers qui ont failli entraîner sa liquidation pure et simple. Les lignes intérieures de la compagnie demeurent toujours déficitaires. Le chiffre d'affaires espéré pour la première année représente à peine 5% du marché global de la ligne Alger-Paris. Le porte-parole de la compagnie, M.Pascal Perri, a indiqué que le nombre de voyageurs naviguant entre Alger et Paris avant le détournement de l'Airbus, était de 2,2 millions de voyageurs. Ce nombre a été réduit de moitié après la suspension des vols d'Air France en décembre 1994. Sans mesures de sécurité spéciales, le MD 80 a été pris en charge et sans encombres par les autorités aéroportuaire. Un nombre considérable de journalistes est venu couvrir l'événement. La première remarque qu'a eu à faire le P-DG d'Air Lib, est le fait que sa compagnie «ne représente aucunement le pavillon français». Lors de la conférence de presse animée pour l'occasion à l'hôtel El-Djazaïr, la représentante de Khalifa Airways en France, Mme Djazaïrli Djamila, et le porte-parole d'Air Lib, ont insisté sur l'apport de la compagnie algérienne privée. Cet apport, indique Mme Djazaïrli, consiste en l'assistance au sol à l'aéroport Houari-Boumediene. Aussi, la vente de la billetterie sera assurée par la compagnie Khalifa Airways. En réponse à la persistance des journalistes sur la question de savoir pourquoi une compagnie qui se porte bien financièrement comme Khalifa Airways s'associe avec une compagnie dont l'avenir n'est pas encore clair, les deux conférenciers ont affirmé fermement que les soucis financiers d'Air Lib ne seront que de mauvais souvenirs dans les semaines à venir. La représentante de Khalifa Airways a indiqué à ce propos que «le partenariat Khalifa-Air Lib n'est pas une anomalie (...) Si vous voulez savoir les raisons pour lesquelles Khalifa Airways n'assure pas encore seule la liaison, il faut s'adresser aux autorités des deux pays.»