Ce n'est qu'un échauffement Toujours aussi mobilisée et déterminée, la future élite du pays a répondu aux propositions du président de l'Etat: «pas d'élections avec el issaba», donnant rendez-vous vendredi pour un «rama-dire»... Impressionnant! Les étudiants font passer avec brio au Hirak le premier test du Ramadhan. Ils étaient des milliers à avoir envahi, hier, les rues du pays, et ce pour la 11e semaine consécutive. Toutes les wilayas du pays qui disposent de campus universitaire ont enregistré des manifestations, contre les restes du système Bouteflika. La capitale, qui compte le plus grand nombre d'étudiants du pays, s'est payé la part du lion de cette nouvelle journée de mobilisation. Symbole du Hirak en général et du mouvement des étudiants en particulier, les escaliers et la place de la Grande Poste étaient couverts d'une foule compacte. Pourtant, les forces de l'ordre ont essayé de contenir la foule au niveau de la place Maurice Audin et la Faculté centrale, mais en vain! La détermination de cette magnifique jeunesse était plus forte en ce deuxième jour du mois sacré du Ramadhan. Ainsi, ces jeunes filles et ces jeunes hommes ont réussi à contourner les barrages des forces de sécurité pour occuper symboliquement la Grande Poste. Les forces de l'ordre ont fini par se retirer, se contentant juste d'encadrer le mouvement qui, au fil des minutes, s'est ébranlé presque jusqu'à la rue Didouche-Mourad. La Blanche a donc retrouvé ses couleurs du Hirak avec ses artères principales couvertes de rouge, vert et blanc. Les banderoles et pancartes anti-système étaient accrochées un peu partout. A la Grande Poste, épicentre de ce rassemblement, une banderole géante a même été déployée entourant ce monument de la capitale. Cette banderole résumait les revendications de la future élite du pays qui veut le départ de tout le système, à leur tête le président de l'Etat Abdelkader Bensalah, le Premier ministre Noureddine Bedoui et son gouvernement. Les étudiants réclamaient aussi que le FLN soit mis au musée et le RND dissous. Toutefois, la revendication principale et «urgente» consiste en la mise en place d'un gouvernement de transition, géré par une personnalité qui fait l'unanimité. Les étudiants ont donc répondu à l'appel au dialogue lancé, dimanche dernier, par le président de l'Etat. Leur réplique était sans équivoque: «Pas de dialogue avec Bensalah!». Les étudiants estiment que les portes du dialogue ne pourront être ouvertes qu'après le départ des «2B» restants, à savoir Bensalah et Bedoui. «On ne peut ouvrir un dialogue pour une transition démocratique avec des personnages de l'ancien système», soutenaient des étudiants qui débattaient sur les suites à donner au mouvement. Dans ce sens, cette jeunesse à la conscience politique des plus déconcertantes, a exprimé son refus catégorique de voir une élection présidentielle se tenir le 4 juillet prochain. «Il n'y aura pas d'élection sous la direction de Bensalah», criaient-ils en choeur. Pour ceux qui ne comprendraient pas, ils l'ont écrit noir sur blanc sur les pancartes qu'ils exhibaient fièrement avec comme message principal: «Pas d'élection avec el issaba» (Pas d'élection avec la bande mafieuse, Ndlr). Les étudiants ont donc répondu aux propositions de Bensalah en lui signifiant qu'ils «n'étaient pas dupes en acceptant cette transition téléguidée». Cette forte mobilisation qui est restée dans l'esprit «silmiya», marque déposée des Algériens depuis 11 semaines, est aussi une réponse au pouvoir qui tablait sur un essoufflement durant le Ramadhan, ou des échauffourées de la part de citoyens énervés par les effets du jeûne! Ils ont encore une fois montré qu'ils ne lâchaient rien, tout en maintenant le même pacifisme que lors des 10 premières symphonies. Une nouvelle démonstration de force, qui donne un avant-goût de vendredi prochain, qui s'annonce des plus «chauds»! «Ce n'est qu'un échauffement, on Rama-dira ce week-end...», plaisantaient des jeunes, en nous donnant rendez-vous dans deux jours, même heure -même endroit...