L'affaire des escales de la CIA en Europe n'a pas livré tous ses secrets. D'après la presse Italienne, la CIA aurait accompli au moins dix-sept missions secrètes à travers l´Italie depuis le 11 septembre 2001, dans le cadre de ses opérations d´«extraordinary rendition», à savoir l´arrestation illégale de personnes suspectées de terrorisme, et leur transfert vers des pays tiers. Parmi elles, celle de l´imam radical égyptien Abu Omar (de son vrai nom Osama Mustafa Hassan) qui aurait été enlevé en plein jour dans les rues de Milan, le 17 février 2003, par un commando de la CIA. Selon un témoignage, le religieux aurait été interpellé par deux faux policiers italiens, puis embarqué dans un fourgon. Il aurait été transporté à la base américaine d´Aviano, près de Trévise, emmené par avion jusqu´à Ramstein, autre base américaine en Allemagne où se trouve le commandement européen de la CIA. De là, il aurait été réexpédié vers Le Caire, incarcéré et torturé. Après, donc, les démentis catégoriques des autorités italiennes concernant ce dossier épineux, c'est au tour de la justice de ce pays de relancer les débats sur l'enlèvement, le 17 février 2003 à Milan, d'un ex-imam égyptien. En effet, la justice italienne a lancé, hier, des mandats d´arrêt européens contre 22 agents de la CIA soupçonnés d´avoir participé à cet enlèvement. Selon les mandats d'arrêt émis par le juge des enquêtes préliminaires du tribunal de Milan (nord) Enrico Manzi, lesdits agents sont soupçonnés d´avoir organisé ou participé à l´enlèvement de l'ancien imam de la ville, Osama Mustafa Hassan, connu également sous le nom d´Abou Omar. L´ex-imam, était placé sous enquête en Italie dans le cadre de la lutte antiterroriste. Ce dernier a été ensuite emmené en Egypte, où il est toujours détenu et où il affirme avoir été torturé. L'affaire, assez mystérieuse, n'est certainement pas la seule à avoir donné lieu à enlèvement depuis 2001, après les attentats aux Etats-Unis et la relance de la lutte des Américains contre les agissements de la mouvance islamiste. A noter que treize mandats d´arrêt contre des agents de la CIA ont été émis en juin par le tribunal de Milan, en charge de l´enquête, six autres en juillet et les trois derniers en septembre. L´information sur le lancement d´un mandat d´arrêt européen contre ces 22 personnes, dont deux avaient un statut diplomatique en Italie, intervient au lendemain de l´ouverture d´une enquête contre un soldat américain soupçonné d´"homicide volontaire" par le parquet de Rome. La justice italienne reproche à ce soldat, Mario Lozano, d´avoir tiré "pour tuer et non en état de légitime défense" sur la voiture dans laquelle se trouvait Nicola Calipari, le chef de mission des services secrets italiens qui venait d´obtenir la libération d´une otage italienne en Irak, la journaliste Giuliana Sgrena, en mars 2005.