La CIA est au cœur d'un procès en Italie où pas moins de 26 de ses agents sont jugés par contumace dans l'affaire de l'enlèvement d'un imam égyptien en 2003 à Milan. Le 17 février de cette année-là Oussama Moustapha Hassan Nasr a été enlevé en plein jour dans les rues de Milan et transféré dans des bases en Italie et en Allemagne, puis en Egypte où il aurait été torturé, selon l'accusation. Le procureur italien Armando Spataro a requis, mercredi, 13 ans de prison ferme contre l'ancien chef du bureau de la CIA à Rome, Jeffrey Castelli, et contre l'ancien chef des renseignements militaires italien, Nicolo Pollari. Douze années de réclusion ont également été requises contre l'ancien chef du bureau de la CIA à Milan, Robert Seldon Lady, et Sabrina de Sousa qui était en poste à l'ambassade américaine à Rome à l'époque des faits. Des peines de dix à onze ans ont été demandées à l'encontre des 22 autres agents de la CIA inculpés dans cette affaire. Le verdict n'est pas attendu avant le début du mois de novembre. C'est le premier procès sur les transfèrements secrets par la CIA de terroristes présumés, arrêtés un peu partout dans le monde, dans le cadre de “la guerre contre la terreur” déclenchée par l'Administration Bush après les attentats du 11 septembre 2001. Enlèvements dignes de romans de série B, prisons secrètes disséminées à travers les cinq continents, pratique institutionnalisée de la torture et surtout le centre de Guantanamo ont été les symboles accablants, depuis 2002, de la présidence de George W. Bush. Au deuxième jour de sa présidence, Barack Obama signait le décret de fermeture du centre de Guantanamo dont l'application est en butte à des difficultés techniques mais aussi à des oppositions politiques. Pour sa part, l'attorney général (secrétaire à la Justice) a diligenté une enquête sur les interrogatoires musclés largement mis en œuvre dans le cadre de la lutte antiterroriste. Depuis le 11 septembre 2001, les révélations se sont multipliées sur les dysfonctionnements et les dérapages aussi bien de la CIA que du FBI. De là à ne plus avoir entière confiance en ces institutions, il n'y a qu'un pas que l'actuel locataire de la Maison-Blanche semble avoir franchi. Barack Obama a en effet approuvé la création d'une nouvelle unité d'élite, High Value Detainee Interrogation Group (HIG), installée dans les locaux du FBI mais placée sous l'autorité directe de la Maison-Blanche et chargée des interrogatoires des terroristes présumés. Elle sera supervisée par le Conseil de sécurité nationale et privera ainsi la CIA de certaines de ses prérogatives traditionnelles. Le HIG sera tenu de rester dans les limites établies par le manuel de terrain de l'armée américaine, qui interdit la torture et ce qui peut s'y apparenter, selon des commentaires de la presse américaine.