Décidément, la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) devient un appareil très contraignant pour les télévisions tunisiennes. Dans un communiqué, elle a appelé, jeudi, les chaînes de télévision Nessma et Zitouna ainsi que la chaîne radiophonique «El Coran el Karim» d'arrêter de diffuser leurs programmes. Pourquoi spécifiquement ses chaînes et précisément durant le mois sacré du Ramadhan. Par ailleurs, la Haica a appelé la chaîne El Hiwar à s'engager à diffuser le feuilleton «Ouled Moufida» jugé trop violent à partir de 22h. Dans un communiqué diffusé ce jeudi 9 mai 2019, l'instance a exigé la mention «ce programme contient des scènes de violence qui peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes» à diffuser pendant 10 secondes avant chaque projection du feuilleton, qui devra aussi porter la pastille «interdit aux moins de 12 ans». Pour la Haica, le paysage audiovisuel comprend aujourd'hui de nombreux indicateurs qui laissent présager qu'il ne sera pas à l'abri des luttes politiques dans notre pays, notamment dans un contexte électoral caractérisé par les tensions et les règles floues du jeu démocratique, comme en témoignent les répercussions de la décision prise par la Haica d'arrêter la diffusion de la chaîne Nessma souligne la Haute Autorité. Selon la Haica, Nessma TV qui a repris sa diffusion, l'a fait en dehors de tout cadre légal et sans autorisation. Pour l'organe de contrôle, les documents présentés par le représentant légal de la chaîne «ne sont pas conformes aux lois en vigueur». Pis encore, note la Haica, «l'annonce par le propriétaire de la chaîne, Nabil Karoui, de son intention de se présenter aux prochaines élections confirme la pertinence des décisions et déclarations de l'instance après qu'il a officiellement transformé sa chaîne en un appareil de propagande politique pour son propre compte, exploitant des groupes marginalisés et appauvris comme fonds de commerce, ce qui est contraire à la loi et aux principes de la dignité humaine et constitue une menace pour le processus démocratique, cela touchant à l'intégrité de la compétition électorale et l'égalité des chances entre les différents candidats». Selon l'organe de contrôle audiovisuel, Nessma n'est pas la seule chaîne à ne pas respecter la loi. C'est aussi le cas de la chaîne Zitouna TV, «soutenue par Ennahdha», et de la chaîne radiophonique «El Coran el Karim», «dont le propriétaire Saïd Jaziri est le secrétaire général du parti Errahma». La Haica dénonce «le danger» que représentent ces chaînes qui «s'éloignent du rôle principal d'un média à savoir éclairer l'opinion publique et laisser à l'électeur sa volonté de choisir» et demande à ce qu'ils cessent d'émettre «sous peine de prendre les mesures légales nécessaires». Par ailleurs, celle-ci a appelé à l'instauration d'une loi régissant le paysage audiovisuel et a prié la présidence du gouvernement d'accélérer l'affiliation de la radio Zitouna au secteur public et de ne pas faire «de calculs politiques» et de trouver une solution à la radio Shems FM afin de préserver les droits de ses travailleurs. Enfin, la Haica a appelé à l'adoption d'une loi régissant les sondages appelant les médias à faire preuve «de prudence» en les relayant. amiraso[email protected]