A Paris, contrairement aux mois précédents, ils n'étaient guère plus d'un millier à défiler sous la pluie, au rythme des «On est là, on est là», pour souligner leur solidarité avec les enseignants mobilisés contre la loi Blanquer. A six mois presque du début de leurs manifestations, les Gilets jaunes ont effectué hier leur 26ème mobilisation à travers la France, en se donnant rendez-vous dans deux points de ralliement nationaux Lyon et Nantes. Prévenues, les autorités ont évidemment déployé d'importants renforts venus épauler le dispositif sécuritaire habituel, alors qu'une nouvelle polémique a vu le jour en ce qui concerne l'usage des grenades lacrymogènes dénoncées comme beaucoup plus puissantes que lors des premières mobilisations. De son côté, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a, comme à son habitude, mis en garde contre la «présence de casseurs venus en découdre» avec les forces de l'ordre, non seulement à Paris mais également dans les autres villes. A Nantes, en Loire-Atlantique, la marche n'avait pas encore commencé que la police signalait déjà «des premiers jets de projectiles sur les forces de l'ordre» tandis que les équipes dépêchées par les médias tels que France 3, Pays de la Loire et France Bleu Loire Océan faisaient état des premiers tirs de gaz lacrymogène en direction des manifestants. Aux alentours de quinze heures, ces derniers totalisaient à peine 2200 personnes, selon les chiffres communiqués par la préfecture de police. Tandis qu'à Lyon, les manifestants dont beaucoup sont venus de Besançon et de Marseille, conduits par une des figures des Gilets jaunes, Jérôme Rodriguez, grièvement atteint à l'oeil par un flash-ball voici quatre mois, ont bravé le dispositif mis en place par les autorités locales. La préfecture du Rhône a en effet élargi le périmètre d'interdiction de la manifestation à quatre zones commerçantes et elle a instauré des contrôles routiers en amont de l'agglomération, qui ont donné lieu à deux interpellations pour port d'armes par destination. Dans ces deux villes, une information a circulé selon laquelle plusieurs centaines de membres de l'ultra-gauche tenteraient de profiter de la manifestation pour s'adonner aux dégradations habituelles. Raison nécessaire et suffisante pour justifier la mise en place d'un «niveau de forces de l'ordre inédit». Mais c'est surtout à Strasbourg que les craintes semblaient les plus «légitimes» puisque la tête de liste LREM pour les Européennes, Nathalie Loiseau, soutenue par le Premier ministre Edouard Philippe, devait tenir un meeting devant le Palais des Congrès de la ville, ce qui a poussé le groupe Gilets jaunes Alsace à tenter de s'y rassembler. A Paris, contrairement aux mois précédents, ils n'étaient guère plus d'un millier à défiler sous la pluie, au rythme des «On est là, on est là» pour souligner leur solidarité avec les enseignants mobilisés contre la loi Blanquer. De quoi donner du baume au coeur des proches d'Emmanuel Macron qui ont déjà relevé, la semaine dernière, qu'avec 19000 manifestants dans tout l'Hexagone, les Gilets jaunes en sont à la plus faible participation depuis le 17 novembre 2018. Sauf que la grogne et le mécontentement, eux, n'ont pas faibli pour autant, les mesures annoncées par le chef de l'Etat ayant été qualifiées de «blablabla» et rendez-vous lui ayant été donné pour les Européennes du 26 mai prochain.