L'homme a visiblement pris tout le temps de la réflexion et de l'analyse Les Algériens qui, faut-il le souligner, commencent à s'inquiéter du fait de l'impasse où se trouve le pays, attendent avec impatience les propositions que formulera aujourd'hui, l'ancien ministre des Affaires étrangères. Après une pléthore de propositions de sortie de crise, émanant de partis et personnalités nationales, les Algériens attendent avec une certaine impatience le plan que formulera aujourd'hui l'ancien ministre des Affaires étrangères, Ahmed Taleb Ibrahimi. S'étant mis en retrait de la scène politico-médiatique depuis le début de la crise, l'homme a visiblement pris tout le temps de la réflexion et de l'analyse. Sa posture d'observateur attentif et son expérience du système et des négociations le mettent, bien entendu, au-dessus de la mêlée, puisqu'en réservant sa parole, il bénéficie d'un préjugé positif auprès de tous les protagonistes et de l'opinion publique nationale. Contrairement aux autres personnalités qui s'étaient «mouillées» un peu trop vite en communiquant abondamment sur la crise au point de banaliser leur discours, Ahmed Taleb Ibrahimi a conservé tout son crédit et, de fait, sa proposition de sortie de crise pèsera lourdement sur la scène nationale. Elle vient en clôture d'une multitude de plans et peut donc les résumer ou en en tirer la sève et aura l'avantage d'intéresser l'ensemble de l'opinion. L'ancien ministre se pose ainsi comme un recours susceptible de construire un consensus national. Il serait présomptueux de deviner les contours de son plan, mais l'on peut d'ores et déjà énumérer les points de convergence entre tous les acteurs de la scène politique et dans la société. A l'impossibilité manifeste de tenir une présidentielle à la date fixée par le président de l'Etat, les Algériens sont d'accord pour une transition très courte et il se dégage une unanimité contre le président de l'Etat et le gouvernement pour l'organisation du scrutin. Ne pouvant ignorer ces «impératifs», Ahmed Taleb Ibrahimi, dont le travail de réflexion et d'observation dure depuis près de deux mois, proposera une démarche à même de conserver ces «constantes», mais avec la dose d'imagination qu'il faut pour contenter les tenants du respect des termes de la Constitution. L'équation ne sera certainement pas facile à résoudre, mais l'homme a pour lui, son crédit auprès des Algériens et dans le sérail. Ancien moudjahid, homme d'Etat, plusieurs fois ministre sous Boumediene et sous Chadli, il a, faut-il le rappeler, exprimé des positions assez engagées contre le pouvoir, au lendemain de l'annulation des législatives de 91 et pris part à l'élection présidentielle de 1999, pour, ensuite, rejoindre l'opposition, en leader écouté et respecté. Ceux qui le connaissent disent ne lui trouver aucun penchant islamiste comme l'avaient colporté ses adversaires politiques. Ahmed Taleb Ibrahimi, fils d'un des fondateurs de l'Association des Oulémas musulmans n'a jamais, dit-on, affiché une quelconque velléité en faveur d'une solution théocratique en Algérie. Il avait ses opinions politiques, elles ne plaisaient pas à tout le monde, mais il n'a jamais remis en cause le caractère républicain de l'Etat algérien, insiste son entourage qui dit croire en sa capacité de créer la convergence dont le pays a tant besoin. La «longueur d'avance» qu'a Ahmed Taleb Ibrahimi sur les autres personnalités nationales, l'oblige à un surplus de responsabilité. Mais il saura faire face, en ce sens que sa posture d'observateur aura été une excellente chance pour le pays qui conserve, ainsi, une très importante carte pour une sortie de crise. Les Algériens qui, faut-il le souligner, commencent à s'inquiéter du fait de l'impasse où se trouve le pays, attendent avec impatience les propositions que formulera aujourd'hui, l'ancien ministre des Affaires étrangères. Mais disons-le franchement, la qualité de l'effort intellectuel est certes essentielle dans la formulation d'une démarche pour un sujet aussi complexe que la crise institutionnelle de l'heure, mais ledit effort ne vaut que par la personnalité qui le portera et le mettra en oeuvre. A ce propos, les personnes qui le connaissent affirment que Ahmed Taleb Ibrahimi dispose de la compétence, la confiance et du patriotisme nécessaire pour convaincre le peuple algérien et guider une transition rapide et sereine, jusqu'à l'avènement de la nouvelle République.