Les cinq dernières années sont marquées par un certain foisonnement de la production littéraire en Algérie. Ainsi, de nouveaux noms sont apparus sur la scène portant avec eux une nouvelle façon de voir la réalité, et, pour ainsi dire, une nouvelle manière d'écrire. C'est aussi une période marquée par l'apparition, au grand jour, de nouveaux talents qui ont, pour certains, vraiment marqué la scène littéraire nationale. C'est, en effet, essentiellement sur cette époque que se base l'émission de Rachid Mokhtari, diffusée sur les ondes de la Chaîne II de la radio nationale. Les auditeurs, au fait de la chose littéraire, l'écoutent pratiquement chaque dimanche, entre 21h et 22h. Le dernier numéro de cette émission, consacrée exclusivement au livre, a été diffusé avant-hier, en direct, de l'auditorium de la radio nationale. Mokhtari a invité douze écrivains, tous apparus sur la scène littéraire nationale durant les cinq dernières années, soit entre 2000 et 2005. On cite de mémoire, les noms de Mohamed Larbi, Piano d'Esther, Mustapha Benfodil, Le bavardage du seul, Mohamed Badawi, Neuf Moi, Djamel Mati, Fada, Cyber café, Aigre doux, Touzi Nassima, Lettre à Kahina, Djaoudet Guessouma, Zorna, Sebkhi Nadia, Un amour silencieux, Djouher Aftiss, Taâssasth, la gardienne, Azzi Djamel... «Ces écrivains, jeunes pour la plupart, ont apporté beaucoup de choses, voire un nouveau visage à la littérature en Algérie» dira Rachid Mokhtari. «Ils jettent un autre regard sur le vécu. Ils racontent le sérieux de la vie d'une autre façon. Chacun d'entre eux a adopté sa propre vision et forgé son propre style» a ajouté l'animateur. Commentant tour à tour leurs oeuvres, les auteurs retournent à leurs personnages en tentant de les revisiter, quoique laconiquement. Pour Badawi, qui vient de sortir un recueil de nouvelles intitulé Neuf Moi, chez les éditions Chihab, «les personnages qui figurent dans mon recueil de nouvelles sont nés à partir de l'exploration d'une psychologie. Je ne les ai pas jugés mais essayé de les manipuler» a-t-il indiqué. Aussi, Badawi se place à contre-courant de toutes les théories littéraires. Mustapha Benfodil a, quant à lui, parlé de son Wali Ben Walou, un personnage typique et mythique de son livre Le bavardage du seul, lequel a eu le prix du meilleur roman discerné par la Bibliothèque nationale. Mohamed Larbi a, à son tour, tenté de s'approfondir dans son Piano d'Esther «Esther n'en finit pas de se dessécher. Elle ne sait pas ce qu'a vécu sa fille Hélène. A partir de ce roman, on peut bien dire qu'on peut retrouver la beauté dans la douleur». Pour rappel, Le piano d'Esther, relate l'histoire d'un amour impossible, qui a pourtant eu lieu, entre quatre personnages: Hakim et Hélène d'un côté et Mohamed et Esther de l'autre. Le premier couple entretient une relation incestueuse, tandis que le second, Mohamed et Esther, sont diamétralement opposés, socialement parlant, puisque le premier est Algérien et de confession musulmane tandis que sa partenaire est pied-noir et de confession juive. Par ailleurs, les autres auteurs ont également abordé succintement leurs oeuvres. Ce qui a donné à l'émission un peu plus de charme.