Cette déclaration intervient au moment où une polémique franco-française bat son plein. Le ministre d'Etat représentant personnel du président de la République a réitéré, hier, la position algérienne sur la loi du 23 février glorifiant le colonialisme, refusant de bâtir des relations sans clarifier le contentieux du colonialisme. «Il faut être clair dans ce dossier: en tant qu'Algériens, nous voulons établir des relations poussées avec le peuple français. Sur un autre plan, nous refusons que ces relations se fassent au détriment de notre mémoire collective», a déclaré, hier, M.Belkhadem. «L'histoire ne doit pas être trafiquée et dire que le colonialisme a des côtés positifs. Le colonialisme a réprimé, tué et massacré et c'est une tache noire qui reste inscrite sur le front de la France coloniale», a-t-il insisté avant de souligner que «pour établir des relations et signer le Traité d'amitié, il faut que la France s'excuse officiellement de ce qu'elle a commis en Algérie». La déclaration de Belkhadem est intervenue au moment où une polémique franco-française bat son plein. Les débats se focalisent actuellement sur la personne de l'avocat, Arno Klarsfeld, chargé par le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, de gérer la relation de la France avec son passé. M.Klarsfeld a été en effet, placé à la tête d'une commission qui s'attellera à trouver un moyen consensuel pour une sortie honorable de cette loi scandale du 23 février. Né en 1966, cet avocat n'a aucune compétence qui lui permette de traiter un dossier aussi sensible, lui reprochent ses adversaires. Le seul atout qu'il a en sa possession, avancent ses adversaires, est qu'il soit le fils de Serge Klarsfeld, le célèbre avocat israélien qui a consacré sa vie à poursuivre avec sa femme les nazis. Arno Klarsfeld, s'est constitué partie civile dans le procès contre Maurice Papon, accusé d'avoir composé avec les nazis dans le régime de Vichy. Séduit par le sionisme, le jeune avocat a été jusqu'à passer son service militaire dans l'armée israélienne et a acquis la nationalité juive en 2003. Au sujet de la loi du 23 février qui reconnaît «le rôle positif» de la colonisation, Arno Klarsfeld a réaffirmé qu'il souhaitait que la loi reconnaisse «à la fois les méfaits» et «les bienfaits» de la colonisation. «C'est une piste qui me semble aller dans le sens de l'apaisement», a-t-il dit. Mais pour l'Algérie, cette piste est loin de constituer la voie de l'apaisement. Abdelaziz Belkhadem l'a clairement affirmé, dans son intervention hier, dans l'émission Tahaoulat de la radio nationale Chaîne I. «Le colonialisme n'a pas de côté positif.» Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) a violemment contesté la légitimité de cet avocat pour diriger une mission sur la loi du 23 février sur la colonisation. En réponse à la contestation du Mrap, Arno Klarsfeld s'est dit, mardi dernier, sur la radio France Inter «attaché à la vérité». Le secrétaire général du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), Mouloud Aounit, a qualifié l'avocat, chargé par Nicolas Sarkozy d'une mission sur «la loi, l'Histoire et le devoir de mémoire», de «défenseur de la colonisation israélienne» qui «n'a ni les compétences ni la légitimité pour une telle mission». Dans une violente réplique, l'avocat a comparé M.Aounit au président iranien: «Mouloud Aounit est peut-être sur la même ligne que le président iranien (Mahmoud Ahmadinejad) qui estime que les Juifs n'ont rien à faire au Moyen-Orient.».