La modernisation passe par la mise en place des réseaux interbancaires. Depuis quelque temps en Algérie, dès qu'on évoque les banques, c'est généralement pour parler du serpent de mer de la corruption. Ce sont en effet les scandales financiers, qui éclaboussent de vénérables institutions de l'Etat, voire des personnalités haut placées, qui viennent tous les jours que Dieu fait défrayer la chronique. Parallèlement, les responsables de la Banque d'Algérie ne cessent d'affirmer que l'année 2006 sera bien l'année de la modernisation bancaire. Tous les ingrédients sont, semble-t-il, réunis pour qu'il en soit ainsi. Le premier élément de la réforme porte sur la mise en place d'une plate-forme de lancement du système de paiement de masse. Faut-il relier cette nouvelle structure à la décision prise par le gouvernement d'obliger à payer par chèque les transactions dont le montant est supérieur à 50.000 dinars? En ce cas, on pourrait dire qu'il y a une division des tâches entre le gouvernement et la Banque d'Algérie; au premier la réglementation et l'adoption de textes juridiques qui encadrent l'activité financière et commerciale, à la seconde la mise en place des équipements et des technologies qui rendront possible la réalisation des décisions prises par les pouvoirs publics. Car il faut bien le dire, l'Algérie a pris beaucoup de retard dans le domaine. On en est encore à l'âge de la pierre taillée alors que dans la plupart des pays du monde, la carte bancaire, le paiement par chèque, la télécompensation ou la prise de risque sont entrés dans les moeurs depuis des décennies. Bref, il n'est jamais trop tard pour bien faire. Cela dit, sur quoi porte exactement cette plate-forme dont on a parlé plus haut? Elle concerne le système de paiement de masse et le système de paiement de gros montants en temps réel. (Rtgs). On peut dire qu'il en était temps, vu les difficultés qu'éprouvent les opérateurs, mais aussi les simples citoyens dans l'accomplissement des opérations financières les plus simples. Par exemple, il est quasiment impossible d'encaisser dans des délais assez rapides un chèque émis d'une banque à une autre, voire entre deux agences de la même banque. N'est-ce pas schizophrénique? Les nouvelles dispositions annoncées par la Banque d'Algérie et l'Abef sont intégrées dans le réseau monétique interbancaire (RIM pour les intimes). Une remarque s'impose ici pour dire qu'on va nager dans une mare de nouveaux sigles, car on devra également s'habituer à devoir en utiliser un autre : il s'agit du guichet automatique de billets (GAP), qui permet au détenteur d'une carte bancaire de retirer de l'argent de n'importe quelle banque. Toutes ces nouvelles techniques mises en place pourront peut-être pallier les défaillances du système d'information à l'intérieur même des banques et mettront sans doute un terme aux scandales financiers à répétition, qui ne cessent d'entacher la réputation, mais aussi la fiabilité de notre système bancaire, qu'il soit public ou privé. Le développement du réseau de télécommunications et la disponibilité des données inter et intra bancaires iront dans le souhait de la Banque d'Algérie, mais aussi dans celui des usagers, de voir prendre forme dans notre pays l'intermédiation bancaire, la gestion des risques, le renforcement des liens institutionnels avec les marchés financiers mondiaux, ainsi que la création d'un environnement favorisant la participation des banques étrangères au marché financier algérien. Le corollaire de ce dispositif ne peut être que la réduction des délais de recouvrement interbancaires ; voire la réhabilitation des moyens de paiement scripturaux classiques (comme le chèque ou le virement) ; tout en garantissant la sécurisation des échanges interbancaires.