Plus qu'une opération de marketing politique, «la fête» constituera un test «grandeur nature» de la popularité du président. Les partis de l'alliance présidentielle et une bonne partie du mouvement associatif à l'échelle nationale s'apprêtaient hier à fêter le retour à Alger du chef de l'Etat. Annoncé comme un événement majeur, l'atterrissage aujourd'hui de l'avion présidentiel à l'aéroport Houari-Boumediene, passe non pas pour un simple travail protocolaire à accomplir, mais une véritable activité politique qui sous-entend une préparation minutieuse et coordonnée de divers ser-vices concernés par l'organisation de l'événement. Alger est sens dessus dessous. Les forces de l'ordre sont postées un peu partout dans la capitale. Sur le parcours routier reliant Alger à l'aéroport, outre qu'il est sous haute surveillance, des barrières de sécurité ont été disposées tout au long de la dizaine de kilomètres qui séparent le centre-ville de l'aérogare. Des travailleurs de la voirie s'affairent à faire «briller» les abords de la route de l'aéroport et blanchissent minutieusement le centre-ville et les hauteurs de la capitale jusqu'à El-Mouradia où règne une activité fébrile. A voir le dispositif mis en place, l'on est amené à penser que les organisateurs de «l'événement politique» de cette fin d'année prévoient une participation assez importante des citoyens qui voudraient «s'associer à la fête». En effet, le grand sérieux avec lequel est préparé le retour à Alger du chef de l'Etat renseigne sur la volonté de faire de cet événement l'un des plus grands rendez-vous du président avec la société. Plus qu'une opération de marketing politique, «la fête» constituera vraisemblablement un test «grandeur nature» de la popularité du président Bouteflika qui a rarement eu affaire à un gigantesque accueil populaire à Alger. Faut-il souligner, en effet, que le seul bain de foule de Bouteflika dans la capitale s'est déroulé en 2003, à l'occasion de la visite du président français Jacques Chirac à Alger. Pour la «démonstration» d'aujourd'hui, il est clair que toutes les conditions de sa réussite sont réunies. L'absence de Bouteflika pour raison médicale, les folles rumeurs qui ont couru au sujet de sa santé et sa dernière sortie médiatique en présence du professeur Zitouni pour informer les Algériens sur la situation réelle de l'état de santé du président et sur les conditions «idéales» de sa convalescence, ont porté «l'indice de popularité» du chef de l'Etat au sommet. C'est véritablement en président de tous les Algériens, lesquels ont fait montre d'une grande sympathie à son adresse dans les moments difficiles, que Bouteflika foulera le sol national après 35 jours d'absence forcée. L'émotion des retrouvailles est perçue sur les visages de nombreux Algérois qui, quelles que soient leurs opinions politiques, reconnaissent au chef de l'Etat le rang qu'il occupe, et très peu critiquent les préparatifs du retour en mettant cela sur le compte du «folklore politique propre à la classe dirigeante algérienne». En fait, l'on pense à Alger que les citoyens qui se sont inquiétés durant tout le temps de l'hospitalisation du chef de l'Etat ont bien le droit de le saluer à son retour au pays. C'est donc loin de toute interprétation tendancieuse et autre récupération politique qu'a lieu la préparation du rendez-vous d'aujourd'hui. Bien plus qu'un simple bain de foule, l'événement est assimilé à un acte responsable de la part de la société et du président de la République qui, dit-on, répond là à une demande populaire clairement exprimée par la base sociale. Et pour preuve, ce ne sont pas seulement les Algérois qui attendent de voir l'avion du président atterrir à l'aéroport d'Alger. Dans la totalité des villes et villages du pays, les citoyens ne cachent pas leur joie de voir l'épisode de la maladie prendre fin de manière officielle, et nombreux veulent faire le déplacement à Alger pour voir le président en «chair et en os». Les correspondants de L'Expression font, en effet, état d'un climat spécial dans les régions de l'intérieur du pays. Les partis de l'alliance présidentielle et le mouvement associatif se démènent pour satisfaire le désir des citoyens de se rendre à Alger. A Blida, Constantine, Oran, Tizi Ouzou et autres villes, des bus sont mis à la disposition des citoyens. Ils ont pris la route hier en fin d'après-midi pour être présents à Alger le jour «J». Rien que pour la wilaya de Blida, l'on parle de 20.000 personnes qui viendront accueillir le président. Alger va vivre une journée mémorable.