Seul le dialogue... Le chef d'état-major a en revanche mis en garde, hier, «ceux qui tendent à exacerber la situation et faire perdurer» la crise. La situation presse et l'heure est grave. Face à cette crise qui risque de s'éterniser au péril de la Nation, l'armée tend encore une fois la main aux bonnes volontés relançant son offre de dialogue comme unique bouée de sauvetage pour sortir de l'impasse actuelle et se dégager de ce bourbier. Au troisième jour de sa visite en 6e Région militaire à Tamanrasset, le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah a une nouvelle fois insisté sur le dialogue qui «doit oeuvrer à rechercher tous les moyens permettant de rester dans le cadre de la légitimité constitutionnelle» pour revenir au plus tôt aux urnes afin d'élire un président de la République. Avec quelques exceptions, la classe politique a décelé dans cet appel un premier pas vers une solution à la crise quand bien même l'institution militaire resterait attachée au processus électoral, en mettant de nouveau en garde contre les risques d'une transition prolongée. C'est de bonne guerre pour l'armée, que de s'agripper au bouclier de la Constitution. Il faut dire que jusque-là cette démarche a préservé la réputation de l'ANP d'être «accusée» de se mêler des affaires politiques et d'être qualifiée d'armée de putschistes. Les observateurs étrangers, guettent la moindre sortie des clous pour crier au pronunciamiento. Si le chef d'état-major a fait montre d'un esprit d'ouverture qui tranchait avec l'habituel ton martial qui imprégnait ses adresses, en appelant ouvertement au dialogue, il a en revanche mis en garde hier, «ceux qui tendent à exacerber la situation et faire perdurer» la crise. A ce titre, le chef d'état-major a dénoncé une entreprise de désinformation par «certains médias» qu'il indexe comme étant un maillon dans une chaîne de désordres et des amplificateurs de la crise. «Ceux qui tendent à exacerber la situation et faire perdurer cette crise sont ceux-là mêmes qui oeuvrent sciemment à répandre continuellement les rumeurs, les informations erronées et les mensonges à travers de nombreux médias», a averti Ahmed Gaïd Salah regrettant qu'il était pourtant dans «la capacité d'acquérir davantage de crédibilité en mettant l'accent sur la transmission des faits réels». C'est la première fois que le patron de l'armée insiste autant sur le rôle des médias et relevant des actions de «désinformation» de l'opinion publique par «des mensonges» et va même jusqu'à révéler l'existence de «scénarios fabriqués de toutes pièces et erronés, qu'ils imputent à des personnalités et des centres de décision» et de «plans étudiés et élaborés avec une grande ruse, afin de discréditer tout acte visant l'apaisement de la population et la recherche de solutions idoines à la crise actuelle que traverse le pays». Pour Ahmed Gaïd Salah, l'affaire est tranchée. D'abord, «les instigateurs supporteront les conséquences devant Allah, le peuple et l'histoire». Ensuite, ils sont exclus de fait du dialogue car «elles ne peuvent pas, ne peuvent en aucun cas contribuer à créer un climat d'entente mutuelle propice, voire un dialogue calme et serein et cela induit que ceux qui recourent à de telles pratiques sont contre le dialogue sérieux et pondéré». Evoquant une nouvelle fois la nécessité du dialogue, le chef d'état-major souligne que la loyauté envers la patrie requiert la mobilisation de tous au service de l'Algérie, ce qui exige nécessairement que le peuple algérien se mette aux côtés de son Armée pour relever tous les défis rencontrés. Il va falloir maintenant donner du sens à cet acte, le rendre effectif dans la réalité. A l'élite, aux personnalités politiques d'être claires et précises dans la démarche. Car pour convaincre de la justesse de leur entreprise, pour ne pas subir, comme par le passé, les foudres du Hirak, ces personnalités doivent définir sur quoi portera ce dialogue, quels sont les objectifs assignés à ce processus, qui y prendra part, qui supervisera l'opération et quelle sera sa durée?