«Tout en maintenant les même slogans, Jeïch, chaâb Khawa Khawa», «saymine wala fatrine», «goulou leserakin wallah mana habsine», on pouvait entendre, lors de la dernière marche du dernier vendredi du mois de Ramadhan. Il s'agit de la 15e semaine du Hirak, caractérisée par la fatigue du jeûne et des températures relativement élevées, mais cela n'a pas dissuadé les Annabis de sortir, pour poursuivre leur mouvement de protestation. À Annaba et à l'instar des précédents vendredis, la mobilisation des citoyens n'a pas faibli, les premiers groupes des manifestants ont commencé à affluer vers la place du 1er-Novembre dès la matinée, avant d'être rejoints par d'autres juste après la prière du vendredi. Les manifestants ont battu le pavé pour sillonner le cours de la révolution, dans un climat pacifique et sous le regard serein des éléments de la sécurité. Drapés de l'Emblème national et brandissant des banderoles, les manifestants ont réclamé le départ des symboles du système, le jugement de tous ceux qui sont impliqués dans des affaires de corruption, tout en exprimant leur attachement à l'unité nationale et réaffirmant, que «la souveraineté appartient exclusivement au peuple». Notons qu'à l'instar des autres vendredis, le cours de la révolution était l'autre espace de revendication, où, le Hirak trouve son prolongement dans l'espace, au vu du flux impressionnant des citoyens. Les Annabis ont, une fois de plus confirmé leur inébranlable détermination à imposer le changement, en refusant notamment la feuille de route qui leur est proposée et qui conduit, inéluctablement, à la pérennité du même système. La marche de ce quatrième et dernier derniére de Ramadhan, était aussi marquée par l'ombre de Kamel-Eddine Fekhar, décédé la semaine dernière en prison, après une grève de la faim. Symbole des droits de l'homme, le défunt était présent au coeur même du Hirak à Annaba où la défense des libertés a alimenté la protesta de la manifestation. «C'est révoltant de mourir pour ses idées et ses positions», s'est indignée cette manifestante. «Ils auront la mort de Fekhar sur leurs consciences jusqu'à Yaoum El Qiyama», a lancé cet autre manifestant. Les manifestants à Annaba, ne semblent pas se démarquer de leurs concitoyens dans les autres wilayas du pays. Soucieux de la crise prévalant dans le pays, dont le dénouement ne tient, selon les manifestants «qu'au départ de Bensalah et Bedoui «avec leur départ, il n'y aura pas de vide constitutionnel, les mécanismes de gérer la situation existent autant politiquement que constitutionnellement», a expliqué un enseignant de droit à l'université d'Annaba.