Au treizième acte des manifestations pacifiques du peuple, coïncidant avec le deuxième vendredi observé en pleine période du mois de Ramadhan, la population de Annaba maintient les revendications exprimées depuis le 22 février 2019, soit près de trois mois maintenant, sans y renoncer aux mots d'ordre appelant à une deuxième République libre et démocratique, à un Etat de droit. Ni la chaleur torride, ni la soif, ni la fatigue dues au mois de carême n'ont pu venir à bout de la détermination des marcheurs. Aux dizaines de personnes, sorties dès la matinée sur le parvis du théâtre Azzedine-Medjoubi, se sont joints des centaines d'autres avant que la procession formée de dizaines de milliers, à partir du début d'après-midi n'occupe la scène. Vers 14h, le mouvement s'est ébranlé, emblèmes au vent, accompagnés de chants patriotiques pour faire la boucle du cours de la Révolution aux cris habituels : «Saimine, Fatrine, machiine machiine», (jeûne ou pas nous marcherons toujours) «El djeïch, Echaâb Khawa Khawa» (armée et peuple sont frères). «Makanch intikhabat ya el issabat», (pas d'élections espèce de bandits). Les «dégage» interpellant les résidus du système honni, Bensalah, Bedoui et d'autres; les appels pressants à l'arrestation et au jugement de toutes les figures de la bande impliquées dans les détournements et dilapidation des biens du peuple fusaient des poitrines des jeunes et moins jeunes : «Klitou leblad Ya sarrraqine» (Vous avez bouffé le pays, bande de voleurs). Même si la présence féminine était moindre par rapport aux week-ends précédents, et pour cause les impératifs de leur présence aux foyers, principalement pour la préparation du f'tour, des dizaines de représentantes de la gent féminine n'ont, toutefois, pas manqué de suivre la marche du début jusqu'à la fin. Rida M, jeune technicien supérieur en informatique, appelle à la poursuite du Hirak pour réaliser l'ensemble des objectifs qui lui ont été assignés. Pour Ami Ahmed L., vieux Bônois ayant milité au sein du mouvement national : «le Hirak doit se structurer pour couper la route à la contre-révolution et aller rapidement à une période transitoire durant laquelle seront mis en place les mécanismes d'une sortie de la crise actuelle, œuvre du système prédateur et décadent». Un « Iftar djama3i » (rupture de jeûne collective) pour 1 000 personnes est prévu en fin de journée sur le cours de la Révolution, place emblématique de la ville de Annaba, ayant accueilli le Hirak depuis son lancement. Il est destiné aux gens venus d'autres régions pour prendre part aux manifestations de la quatrième ville du pays. A. Bouacha