Cette ONG vient d'écrire aux autorités algériennes suite à la publication du rapport préliminaire de la Commission Issad dont elle contredit le bilan. L'ONG qui «s'est réjouie de la parution» de ce rapport, a «insisté» dans sa missive pour que «chaque homicide fasse l'objet d'une enquête exhaustive». Autrement dit, si AI a estimé que la mise en place de cette commission et la publication de son rapport sont en soi «une décision essentielle et encourageante», elle a néanmoins jugé que les autorités algériennes continuent sur cette voie «en prenant les dispositions nécessaires pour que des enquêtes exhaustives, impartiales et indépendantes soient menées sur chacune des 80 exécutions». Mais on constate que bien que l'organisation londonienne reconnaisse que la vérité ne soit pas totalement établie, elle se permet de parler et de généraliser le terme d'«exécutions». Et alors que le rapport, dont elle a salué la parution, a dénombré 50 personnes mortes pendant ces événements, AI pousse ses statistiques à 80 victimes. Amnesty International a notamment «appelé» le gouvernement algérien à veiller à ce que «tous les membres des forces de sécurité reçoivent une formation selon les normes internationales régissant la conduite des responsables de l'application des lois ainsi que le recours à la force et aux armes à feu». En d'autres termes, cette organisation non gouvernementale remet, en une phrase, les cursus de formation de tous nos corps de sécurité. Une légèreté peu commune à une organisation de l'envergure d'Amnesty International. En conclusion, AI a demandé aux autorités algériennes l'autorisation d'envoyer en Algérie «une délégation chargée de faire un nouveau bilan de la situation des droits humains, non seulement en Kabylie, mais aussi dans d'autres régions du pays». Dans la logique d'AI, le pouvoir algérien, après la création de la Commission d'enquête sur les événements de Kabylie, peut aussi bien mettre sur pied des commissions d'enquête sur les atteintes aux droits de l'Homme «depuis 1992». Ce qu'on peut retenir c'est que tout en saluant le rapport Issad, AI n'en reconnaît pas les statistiques. Il y a là comme une contradition.