Qui prendra l'initiative pour dévoiler sa bonne intention d'aller vers un accord consensuel afin que le dialogue se lance enfin? Demain, les Algériens se sont donné un 16ème rendez-vous. Ils sortiront à nouveau dans les rues de toutes les villes du pays pour se souhaiter un bon Aïd et pour exprimer haut et fort leurs revendications. Des doléances qu'ils considèrent toujours insatisfaites malgré les multiples acquis réalisés depuis le 22 février dernier, date du début de la grande révolution pacifique du peuple. Les citoyens qui n'ont été guère démobilisés par le jeûne, vont continuer à exiger le départ du chef de l'Etat actuel, Abdelkader Bensalah et de son Premier ministre, Noureddine Bedoui. Le peuple considère que ces deux figures de l'ancien système ne peuvent nullement garantir la tenue d'élection propre et transparente d'une présidentielle. Et c'est là où réside le blocus. Après l'échec de l'organisation d'un scrutin le 4 juillet prochain, le Conseil constitutionnel a rendu son verdict en maintenant le chef de l'Etat à son poste et en l'invitant à appeler une seconde fois le corps électoral à une nouvelle élection présidentielle. Le lendemain de cette annonce, les étudiants sont sortis nombreux, malgré l'important dispositif sécuritaire déployé, pour afficher leur niet à la feuille de route imposée par le pouvoir. Ils ne seront pas seuls dans ce combat puisque des associations et des partis politiques se sont également prononcés contre le maintien de Bensalah dont le Front des forces socialistes, huit autres partis rassemblés sous l'Union des forces démocratiques et sociales (Ufds), le Rassemblement actions jeunesse (RAJ) et la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh). Tous ont rejeté en bloc, lundi dernier, le contenu de la «fetwa» constitutionnelle qui prolonge le mandat du chef d'Etat par intérim Abdelkader Bensalah et l'ont jugé «anticonstitutionnelle» et non conforme aux aspirations du peuple. Mais ces représentants de la société civile et ces formations politiques sont pour le dialogue auquel a appelé le chef de l'état-major, Ahmed Gaïd Salah, dans son discours du 28 mai dernier à Tamanrasset. Ils ont toutefois mis en avant l'exigence du départ des symboles de l'ancien régime «pour garantir la réussite de ce dialogue et la crédibilité de ses conclusions». La balle est aujourd'hui dans quel camp? Qui doit faire des concessions pour que la crise trouve son épilogue? La conférence nationale inclusive pour s'entendre sur une «vision claire et commune» va-t-elle finir par avoir lieu? Pas évident, puisque son lancement est conditionné par le départ de Bensalah et du gouvernement. Le risque de voir Bensalah échouer une seconde fois dans l'organisation d'une présidentielle n'est donc pas à écarter. Que faire alors que le temps presse? Le dernier appel du vice-ministre de la Défense pourrait constituer le soubassement de la solution pour satisfaire la majorité des revendications populaires. En effet, Ahmed Gaïd Salah a parlé de «dialogue sérieux, rationnel, constructif et clairvoyant» et il a aussi appelé à des «concessions réciproques pour le bien du pays» permettant d'aboutir à un compromis sur l'impératif de l'organisation de l'élection présidentielle, le plus tôt possible. Ainsi, des concessions doivent être faites de part et d'autre. Reste maintenant qu'une des deux parties prenne l'initiative pour dévoiler sa bonne intention d'aller vers un accord consensuel afin que le dialogue se lance enfin.