Les artisans du Plan de paix israélo-américain sont tout sourire Les aspects économiques de ce plan, censés acheter l'adhésion de l'Autorité palestinienne, doivent être dévoilés les 25 et 26 juin prochains, à l'occasion d'une conférence organisée à Manama, à Bahreïn. Le Washington Post a rapporté dans son édition de dimanche les propos du secrétaire d'Etat américain Mike Pompé qui admet le risque d'un échec du futur plan de paix des Etats-Unis pour le Proche-Orient, préparé par le gendre de Donald Trump, parce qu'il se heurte aux Etats-Unis même à beaucoup de scepticisme et apparaît comme «inapplicable». Jared Kushner est le gendre et conseiller du président Trump, connu pour être un des champions du sionisme aux Etats-Unis et l'artisan zélé de l'extension des colonies juives dans les territoires palestiniens occupés, avec son compère Jason Greenblatt, envoyé spécial de l'administration américaine au Moyen-Orient et David Friedman, ambassadeur américain en Israël et fervent supporter de l'expansionnisme israélien incarné par Benjamin Netanyahu. Les aspects économiques de ce plan, censés acheter l'adhésion de l'Autorité palestinienne, doivent être dévoilés les 25 et 26 juin prochains, à l'occasion d'une conférence organisée à Manama, à Bahreïn. Mais les Palestiniens ont unanimement rejeté ce plan, après avoir déjà rompu toute relation avec l'administration Trump dont la sujétion à Israël a atteint des proportions jamais connues auparavant. Pour eux, Washington n'est plus un «interlocuteur crédible» depuis qu'il manifeste sans aucune pudeur un soutien inconditionnel à la politique de l'Etat hébreu. Lors du sommet extraordinaire de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), à La Mecque, le 31 mai dernier, les pays membres ont réitéré solennellement leur soutien à la cause palestinienne, condamné une nouvelle fois, sans ambages, le transfert de l'ambassade américaine à El Qods, appliqué par Trump voici quelques mois et ce conformément à ses engagements vis-à-vis du lobby sioniste américain durant la campagne présidentielle de 2017, et appelé tous les pays musulmans à boycotter la conférence de Bahreïn en ce qu'elle porte atteinte aux accords d'Oslo et aux résolutions de la communauté internationale. Le plan «peut être rejeté», a donc reconnu, mardi dernier, Mike Pompeo, lors d'une rencontre privée avec la Conférence des présidents des principales organisations juives américaines, selon le Washington Post. Un cadre suffisamment éloquent par-lui-même quant aux visées et aux calculs du lobby sioniste, inquiet de la réaction des pays concernés sous la pression de la rue. «Peut-être, à la fin, les gens diront 'Ce n'est pas particulièrement original, cela ne marche pas particulièrement bien pour moi'', c'est-à-dire, 'il a deux bonnes choses et neuf mauvaises'' non merci», a rapporté le journal, citant un enregistrement audio de la rencontre auquel il a eu accès. «Je comprends pourquoi les gens pensent qu'il s'agit d'un accord que seuls les Israéliens pourront aimer» a encore admis Mike Pompéo, qui n'a pas démenti le compte rendu du Washington Post lors d'un entretien ultérieur, en Suisse, avec un réseau de télévisions américaines. Pour adoucir le propos devant ses interlocuteurs juifs américains, alertés par le sentiment de beaucoup de monde quant à la partialité du plan de paix en question, Pompéo dit croire qu' «il y aura, dans ce plan, des choses que beaucoup de personnes apprécieront». Jared Kushner qui prétend résoudre à sa manière le conflit israélo-palestinien et attend la fin du ramadhan pour présenter «son» plan espère monnayer la disparition de la cause palestinienne en échange d'un boom économique dans les territoires «annexés» par Israël, boom évidemment financé par les royaumes du Golfe assujettis aux Etats-Unis. Son agenda risque d'être bousculé par l'incapacité de son complice Benjamin Netanyahu qui a échoué dans sa tentative de former une coalition gouvernementale, le Parlement israélien ayant fixé de nouvelles élections le 17 septembre prochain. Trump, Kushner et Netanyahu ont beau compter sur la docilité de certains pays arabes, la cause palestinienne ne sera pas pour autant rayée d'un trait de plume. L'administration américaine actuelle aura beau rompre avec des décennies de consensus - transfert de l'ambassade à El Qods et reconnaissance de la ville sainte comme «capitale» d'Israël -, seule la légalité internationale aura cours. Quant à «l'accord du siècle», l'arnaque du siècle israélo-américaine dont aucun pays n'est dupe se heurtera à la colère des peuples musulmans du monde entier. En se rendant au Maroc, Kushner qui sera accompagné par Greeblatt, tentera d'amadouer le roi Mohammed VI pour qu'il apporte son soutien au pseudo plan de paix, malgré la volonté israélo-américaine de transférer le contrôle de la mosquée El Aqsa au profit d'un pays autre que la Jordanie.