L'année 2006 démarre sur une série de questions que se posent les Algériens. Y aura-t-il un nouveau gouvernement? Bouteflika procèdera-t-il à un simple remaniement de l'Exécutif? ou laissera-t-il les choses en l'état? Autant d'interrogations qui animent les propos des citoyens qui, après être rassurés sur l'état de santé du président de la République, attendent des actions significatives au plus haut sommet de l'Etat pour redonner du punch à un pays qui a quelque peu ronronné durant les dernières semaines. Close sur une démonstration politique de premier plan, la fin d'année 2005 est annonciatrice d'une dynamique nouvelle au plan de l'exercice du pouvoir en Algérie. En effet, conforté par le renouvellement de la confiance populaire à l'occasion de son retour au pays, le président de la République bénéficie de «vents très favorables» pour donner un coup d'accélérateur à son programme, tant au plan économique que politique. Même si dans son message aux Algériens, il s'est montré quelque peu satisfait des réalisations accomplies pour ce qui concerne les réformes de l'éducation et la justice, le chef de l'Etat est tenu, affirment de nombreux observateurs de la scène nationale, de donner un souffle nouveau à l'exécutif gouvernemental dans le but de mieux cerner l'essentiel des dossiers actuellement en instance. Le titanesque chantier de la relance économique avec son million de logements, ses deux millions d'emplois et autres infrastructures de base nécessaires pour mettre le pays à niveau, constituent autant de défis qui nécessitent quelques réajustements au niveau des staffs dirigeants, histoire de booster la machine de l'Exécutif et recentrer les efforts de l'Etat pour un meilleur rendement. Ces mêmes observateurs insistent sur l'effet psychologique, tant au niveau des structures de l'Etat qu'au sein de la société, d'un travail de «dépoussiérage» de la machine. Pareil exercice n'est pas propre à l'Algérie. Beaucoup de pays apportent des «liftings» à leurs gouvernements, en l'absence d'échéances électorales à même de donner du «piment» à l'action politique. A plus d'un an et demi des prochaines élections législatives, censées se tenir au printemps 2007, l'Algérie est justement dans ce cas de figure. La «trop grande stabilité» de l'Exécutif a eu pour effet un certain tassement de l'activité publique, avec en prime, des retards enregistrés dans certains domaines, en sus des scandales qui éclatent dans le secteur financier et dans le foncier agricole où l'on annonce des milliers de dossiers en instance d'instruction par la justice. Pour donner du tonus à l'action gouvernementale, et partant, relancer de plus belle la machine de l'Etat, les observateurs de la scène nationale n'excluent pas un remaniement ministériel dans les semaines à venir. Une telle perspective, outre qu'elle participe à redynamiser les différents chantiers, permettra également la dotation du ministère de la Communication et celui délégué à la Communauté algérienne à l'étranger. Ces deux postes sont restés vacants lors du dernier remaniement effectué par le chef de l'Etat, le 2 mai de l'année dernière. La gestion médiatique très approximative au niveau officiel, de la maladie du président est peut-être l'une des conséquences de l'absence de ces deux portefeuilles. Et pour preuve, les folles rumeurs qui ont circulé et le sit-in organisé par les Algériens de France devant la porte de l'hôpital du Val-de-Grâce sont les résultats de la «non-gestion» de l'information et l'absence quasi totale d'encadrement de l'émigration algérienne dans ce pays. L'on pense dans certains cercles d'initiés que l'éventuel prochain «lifting» n'a aucune portée politique au plan des équilibres partisans. Il sera une affaire d'hommes et de compétences. Le chef de l'Etat devra, dit-on, «opérer» dans quelques départements, pour corriger quelques imperfections constatées ces derniers mois. Quant à l'ossature du gouvernement, elle demeurera inchangée et restera drivée par Ahmed Ouyahia qui, souligne-t-on, donne satisfaction au plan de la gestion de l'Exécutif. Il reste que, parallèlement au «plan de charge» économique et social, le président de la République est appelé à donner corps au projet de réconciliation nationale, dont les textes de lois y afférents sont très attendus par une bonne partie de la classe politique. Gigantesque chantier politique, le projet présidentiel devra connaître un début d'application à plus ou moins court terme. L'un des projets et non des moindres que le chef de l'Etat mettra en oeuvre c'est sans doute le rapport portant réformes des structures de l'Etat. Ce qu'a d'ailleurs confirmé, hier, le ministre des Finances M.Medelci. C'est là une autre occasion de redonner vie à l'action politique, mais surtout de tourner définitivement la page de la décennie noire. 2006 sera donc une année qui promet d'être celle de la fin du calvaire dans différents domaines.