D'une durée de 1h40, le film aborde la décennie de sang et de larmes qu'a vécue notre pays. Après avoir fait le tour des festivals -dont celui du film francophone de Namur, au mois de septembre dernier- le dernier film du réalisateur Mohamed Chouikh, Douar de femme arrive enfin en Algérie. Il sera projeté en avant-première ce jeudi à 18h, à la salle El Mougar, à Alger. Douar de femme est un film qui aborde la décennie de sang et de larmes qu'a vécue notre pays. Il raconte l'histoire de Sabrina «recueillie dans un douar, découvre une population pauvre et asphyxiée par le terrorisme. Les hommes se font recruter en usine à la place de leurs femmes et confient à ces dernières leurs armes pour se défendre durant leur absence et chargent les vieux de veiller sur leur vertu. En prenant les armes, les femmes découvrent leur pouvoir et prennent conscience de leur statut. Le rapport de force est bouleversé et les tabous transgressés». D'une durée de 1h40, le film a été tourné en Algérie en 2005. Le scénario et les dialogues sont signés par Mohamed Chouikh. Les rôles ont été campés par une dizaine d'acteurs. On cite, Bahia Rachedi, Said Hilmi, Nawal Zaatar, Sofia Nouacer, Khaled Benaissa, Aida Guechoud, Yasmine Chouikh, Linda Salem... Dans un entretien accordé à la revue en ligne Africultures, Mohamed Chouikh a déclaré: «C'est un fait divers qui avait attiré mon attention: pour aller travailler les champs, les hommes laissaient des armes aux femmes pour qu'elles puissent se défendre. C'est une caricature réaliste : les situations étaient inimaginables. Il nous faut témoigner de ces réalités, dans une esthétique de l'urgence. Le film est entièrement tourné en décors naturels». Aussi, dans ce film, M.Chouikh revient à l'époque où l'Algérie était irrémédiablement plongée dans le bourbier de la violence islamiste. Douar de femme est un film qui accompagne encore l'actualité politique du pays, notamment après le référendum sur la paix et la réconciliation nationale, plébiscité en septembre dernier à 97% des électeurs. Justement, dans l'entretien accordé à ladite revue, le réalisateur déclare: «s'il n'y avait pas eu complicité populaire, il n'y aurait pas eu terrorisme. Chaque village avait son complice. A la limite, les autres étaient des étrangers. A partir du moment où quelqu'un vient se repentir, il est accepté automatiquement, même sur le plan national. Les gens ne l'acceptent pas de pleine joie mais il faut faire avec. Mon personnage central féminin lui dit que même si un océan coule de ses yeux, elle ne lui fait pas confiance. Dans le film, je ne voulais pas en faire un conflit. Parce que les gens qui se repentent ont généralement pris des contacts avant de revenir, avec la famille, la gendarmerie. On sait qu'ils vont revenir» Il convient de noter enfin que le film Douar de femme est programmé du 6 au 31 janvier 2006, à la salle El Mougar, à raison de trois séances par jour : 14h, 17h, 20h.