Au festival de Namur, grâce à un programme chargé d'au moins 200 films, on peut aller partout sur les traces des fictions et des documentaires. Par exemple, dans un lieu de nulle part, un no man's land à la frontière entre la Jordanie et l'Irak filmé en 30 mn par le jeune cinéaste algérien, Nassim Amaouche. Quelques miettes pour les oiseaux (titre du documentaire) se passe dans le dernier bastion jordanien avant l'Irak, avant l'enfer, un lieu nommé Ruwayshed, où l'on voit déjà la réalité de la guerre. Dans un style discret, sans paroles, le cinéaste ramène une série d'images choc sur le trafic de l'essence, les faux-monnayeurs, la prostitution, toute une économie parallèle qui profite de la tragédie qui se déroule dans le pays tout proche. Dans un dessin animé intitulé L'ami Yabon, Rachid Bouchareb raconte, pour sa part, une autre guerre, celle de 1940, et l'histoire du soldat sénégalais Aby mobilisé pour « voler au secours de la mère patrie ». Après la défaite face à l'Allemagne, Aby se retrouve dans un camp et est finalement libéré en 1944 pour rentrer chez lui. Aby n'est pas un héros épique, mais seulement un pauvre type choisi parmi tant d'autres puis abandonné à lui-même, pathétique et sans avenir. Le cinéma maghrébin s'accorde cette année au Festival de la francophonie de Namur un droit de cité assez unique. Le point d'orgue se situe dans la sélection officielle de Douar de femmes, de Mohamed Chouikh que le festival montrera à plusieurs reprises aujourd'hui. Dans une mise en scène bourrée d'énergie (et de violence), un cinéaste algéro-belge, né à Liège, Karim Ouelhadj présente aussi dans la série « avant-premières » son film qui a secoué l'assistance à Namur : Parabole. Des images au sommet du paroxysme délivrent in situ la vie de trois jeunes femmes liégeoises au bord de la destruction. Karim Ouelhadj s'incruste avec sa caméra dans les bas-fonds chaotiques de Liège. Son film est incontestablement original mais franchement trop dur à supporter. En tout cas, ce n'est pas un poncif comme le film marocain de Leïla Marrakechi, déjà montré à Cannes en mai dernier : Marock. Très influencé par les feuilletons américains de la télévision, Leïla Marrakechi rabâche sans aucune subtilité, le thème de la jeunesse dorée, ses excès et son insouciance (voitures de luxe, musique à fond, alcool, drogue, fric). Un univers sans doute fictif mais qui manque d'originalité.