Le gouvernement d'union libyen (GNA) soutenu par l'ONU a accusé jeudi l'armée rivale basée dans l'est du pays d'avoir enlevé une membre de la Chambre des représentants de l'est. Le gouvernement a accusé, dans un communiqué, cette armée d'être «entièrement responsable de ce crime, qui est représentatif d'une politique systématique d'incitation à la violence et à la sédition entre les Libyens». Le gouvernement a demandé à la Mission d'appui des Nations unies en Libye (MANUL) et aux organisations internationales de réagir. La MANUL a exprimé son inquiétude concernant la disparition d'une députée du Parlement libyen basé dans l'Est, enlevée par un groupe armée ayant également agressé son mari.»La MANUL est très inquiète et suit de près les informations rapportées par les médias sur la disparition de Siham Sergewa et la blessure de son mari. Mme Sergewa, qui est une membre élue de la Chambre des représentants, aurait été enlevée de force la nuit dernière dans sa résidence de Benghazi», a indiqué la Mission. Le Parlement libyen était jusqu'à mars dernier installé à Tobrouk mais le général à la retraite Khalifa Haftar, maître absolu de la seconde ville du pays Benghazi, avait beaucoup insisté pour le transfert dans sa cité de cette instance dont le mandat arrivé à expiration en 2017 avait été autoprorogé. Ce Parlement est en outre divisé en deux camps, diamétralement opposé, l'un soutenant Haftar et ses ambitions de conquête dont la Tripolitaine fait les frais aujourd'hui et l'autre ayant pris fait et cause pour le GNA de Fayez al Serraj. La MANUL a exhorté, en outre, les autorités libyennes à enquêter sur l'attaque contre la résidence de Mme Sergewa et à déterminer où elle se trouve, appelant à la «libération immédiate» de la députée. «Faire taire les voix des femmes qui sont dans des postes de preneurs de décision ne sera pas toléré», a souligné encore la Manul dans un communiqué, relayé par des médias. Les services de sécurité à Benghazi ne se sont pas exprimés jusqu'ici sur cette disparition qui intervient au lendemain de l'intervention de la députée, sur Libya al-Hadath, une télévision pro-Haftar, durant laquelle Mme Sergewa a appelé notamment à «arrêter l'effusion de sang». Elle faisait référence aux combats qui opposent aux portes de la capitale Tripoli, les troupes de Khalifa Haftar à celles du Gouvernement d'union nationale (GNA) basé dans la capitale et reconnu par l'ONU. Dans un communiqué mercredi, des députés ont dénoncé l'enlèvement de leur collègue, appelant les services de sécurité à Benghazi à «œuvrer pour la libération et la protection de Mme Sergewa». Les combats aux abords de la capitale ont fait 1 093 morts et 5 752 blessés ainsi que plus de 100.000 déplacés depuis 4 avril, selon un dernier bilan de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).