Le rejet de l'article 7 du projet de loi sur la corruption concernant la déclaration de patrimoine exigée des élus et hauts fonctionnaires de l'Etat reste depuis une semaine au coeur du débat public. A Oran, peut-être un peu plus qu'ailleurs, les discussions autour du sujet sont animées et attisées par une série de questions «annexes» qui reflètent l'indignation des uns, l'incertitude des autres, et l'incompréhension partagée de ce «refus des élus de la République» de déclarer sereinement leur patrimoine. Oran, il est vrai, est une wilaya qui a connu depuis ces dix dernières années des scandales à répétition impliquant de hauts fonctionnaires, des élus locaux et des «personnalités» connues de l'opinion publique. Ici, plus qu'ailleurs, les citoyens gardent en mémoire le triste et amer souvenir de certains anciens walis de passage devenus célèbres grâce à l'ampleur des prédations et des malversations qui avaient marqué la gestion des affaires locales durant leur mandat. Revenant inlassablement au débat, «l'époque» de certains walis, est avancée en argument solide par les partisans de la «traçabilité» des biens et des fortunes personnelles des élus et gestionnaires. Et, fatalement, des noms sont cités et des exemples sont donnés pour expliquer et surtout dénoncer «l'attitude politicienne» des membres FLN et MSP au sein de l'APN qui veulent, comme le soulignent des citoyens anonymes, «aller en contresens des aspirations populaires et des engagements du pays en matière de lutte contre la prédation et la corruption». Et en la matière, les «cas» d'enrichissement illicite, favorisé par le «statut d'élu» ou de haut fonctionnaire, qui sont cités ne manquent pas à Oran, plus d'une dizaine de maires, dont deux sont encore en poste, restent pointés du doigt par leur propres administrés pour une accumulation de biens immobiliers et fonciers durant leur mandat. Quelques anciens et actuels élus à l'APW qui, avant élections, subvenaient difficilement aux besoins de leur vie quotidienne avec un modeste salaire, se retrouvent en possession de biens immobiliers et affichent un train de vie pour le moins... surprenant. L'exemple de cet ancien ardent syndicaliste avec «l'acquisition» de plusieurs logements sociaux, de trois locaux commerciaux, et d'une série de lots de terrain à travers plusieurs coopératives, cet ex-élu est aujourd'hui compté parmi les «notables fortunés» de la région. Même un ancien ministre et certains députés ne sont pas épargnés par le constat populaire sur les richesses illicites. Profitant à la fois de leur statut et du règne des pratiques de prédation dans la gestion des affaires locales, ils ont «bénéficié» d'attribution de biens immobiliers, de terrains industriels, de foncier agricole et de grandes enclaves urbaines très convoitées, et parfois même d'espaces verts, et empiètement sur le trottoir public. Ces «attributions» en fonction des intérêts et des alliances autour du pouvoir local du moment sont des vérités et des évidences connues depuis longtemps de la scène locale oranaise. Mais faute de cadre juridique légal permettant le suivi et le contrôle de ces formes de malversations, les «choses» ne sont évoquées que dans l'opacité et la crainte, attisant la rumeur, l'intrigue et la délation. C'est aussi pour cela que beaucoup à Oran attendent et espèrent l'adoption intégrale du projet de loi sur la corruption par le prochain vote des sénateurs.