C'est un oued qui marque la limite entre l'Algérie et le Maroc. C'est l'oued Kiss. Fermée depuis 1994, la frontière algéro-marocaine est devenue avec le temps, une véritable passoire et la contrebande a pris des proportions alarmantes. Marchandises et personnes y circulent. C'est également le passage obligé des Africains clandestins refoulés par l'Etat marocain. C'est un oued qui marque la limite entre l'Algérie et le Maroc. C'est l'oued Kiss. Les biens passent, les personnes aussi, y compris les immigrés clandestins. Même si les autorités de la wilaya de Tlemcen ont réussi à faire refouler 721 Africains, voilà une autre armada qui débarque composée, selon nos sources, de plus de 200 sans- papiers. Dans cette région frontalière, et en plus de l'immigration clandestine, la drogue bat son plein. 2005 a été marquée par la saisie de 2515 kg de drogue. Le contrôle d'un semi-remorque a permis de découvrir, dans les entrailles de l'engin, 3 076 plaquettes de drogue totalisant un poids global de 769 kg. Selon toute vraisemblance, cette marchandise était sur le point d'être dirigée vers un réseau pour son exportation à l'étranger. Les deux mis en cause ont été remis à la justice. A signaler dans ce contexte, qu'il s'agit là de la deuxième prise importante réalisée en 2005. En janvier dernier, c'est une quantité de 190 kg de drogue qui a été saisie par la Gendarmerie nationale dans la région de Naâma, plus précisément à El Kasddir. 288 kg, conditionnées en plaquettes traitées. La marchandise prohibée était convoyée à bord d'un véhicule utilitaire de marque Iveco et bien dissimulée à travers le plafond et les parois du véhicule. Au coeur de cette opération spectaculaire, six personnes ont été arrêtées et placées sous mandat de dépôt alors qu'un mineur a été mis en liberté provisoire. Même le fil chirurgical de différents calibres destiné à la contrebande vers le Maroc, a été saisi. En une seule opération, ce sont 783 unités saisies à Tlemcen. Des milliers de cartouches pour fusil de chasse, des dizaines de quintaux de dattes et des dizaines de mè-tres cubes de gasoil destinées à la contrebande ont été également saisies par les différents services de sécurité. Le phénomène de la drogue en Algérie a pris des proportions alarmantes, ces derniers temps. La Gendarmerie nationale, qui a initié plusieurs actions pour y mettre un terme, voire éradiquer cette activité illicite, a enregistré, ces derniers mois, des chiffres significatifs du fait de leur ampleur. Ces affaires ont respectivement conduit à l'arrestation de plusieurs personnes, dont des femmes. Ces statistiques sont la preuve même de la montée du trafic de drogue en Algérie. La drogue, faut-il le signaler, est à l'origine de 80% de la criminalité violente, selon une étude élaborée par la Gendarmerie nationale. Et près de 65% des personnes arrêtées pour trafic de drogue ont moins de 30 ans. La jeunesse est, en fait, la frange de la population la plus vulnérable au fléau de la drogue. Si on fait une comparaison entre les chiffres de l'année 2002 et ceux de 2003, on constatera que ce fléau est en augmentation constante. Les affaires traitées qui étaient au nombre de 1583 en 2002, sont passées à 1993 en 2005. La Gendarmerie nationale a, depuis un certain temps, déployé des efforts pour lutter contre ce fléau et protéger par la même occasion la jeunesse algérienne, surtout au niveau des lycées où l'usage de la drogue a tendance à gagner du terrain, ces dernières années. Une enquête sur la drogue estimait dans son rapport final que les cultures de cannabis couvrent au Maroc une superficie de 70.000 hectares, ayant produit en 1995, 1500 t de haschisch. Lorsqu'il avait lancé sa guerre à la drogue, à l'automne 1992, le roi Hassan II avait reconnu que les cultures illicites s'étendaient sur 50.000 ha, l'évaluation généralement admise jusque-là variait entre 30.000 et 35.000 ha, sans avancer de chiffre de production. Mais dès 1993, l'OGD se fondait sur une longue enquête de terrain pour établir une fourchette de 65.000 à 74.000 ha, représentant un potentiel annuel de production de haschisch compris entre 1800 et 2400 t et que le gros lot est destiné à l'Europe via Tlemcen. Sur un autre volet, le prix des viandes rouges grimpe d'une manière vertigineuse depuis plusieurs mois et génère un recul important du pouvoir d'achat des ménages, qui se rabattent sur la viande congelée et des bouchers mettent la clé sous le paillasson. Comme il est à noter que la contrebande a énormément soutenu ce phénomène de hausse. En effet, du côté des Marocains, le prix de la viande connaît, en ce moment précis, des hausses considérables. Une occasion inespérée pour les contrebandiers qui, avec la complicité de certains éleveurs faméliques de gains faciles et plus consistants, favorisent la vente de l'autre côté des frontières de leur troupeau. Cette contrebande du cheptel a un impact direct sur les prix à la consommation. La fuite du cheptel bovin vers le Maroc que mène la contrebande de bétail, connaît, en effet, un élan spectaculaire. La Gendarmerie nationale a saisi 2319 têtes de bétail l'année dernière, soit 1400 têtes de moins que cette année, comme le soulignent des sources crédibles. A l'approche de l'Aïd, le maquignon commence à dicter sa loi, et certains cherchent le moyen d'écouler les plus «beaux» moutons au Maroc. Même si aucune saisie n'a été enregistrée, le phénomène n'est pas à écarter.