La crise institutionnelle dans laquelle se trouve le pays est traitée sous plusieurs angles visant son dépassement et sa résorption sur le plan politique. Néanmoins, les antagonismes s'expriment de façon criarde, de sorte à ce que la classe politique appréhende l'impasse selon des approches propres à chaque mouvance. Les tiraillements se font sentir à plus d'un titre quant à la feuille de route qui balisera le terrain vers une issue et une sortie consensuelle de la crise. Ainsi, les Forces de l'alternative démocratique l'abordent sous un angle qui ne fait pas le consensus au sein de la classe politique, à travers une autre variante qui prône un dialogue national inclusif, à savoir les Forces de changement qui soutiennent via leur forum national pour le dialogue version Aïn-Benian la solution négociée avec les tenants du pouvoir réel, c'est-à-dire l'institution militaire et la présidence. Bien sûr, en dégageant un panel pour débattre des modalités et des mécanismes pour aller vers une élection présidentielle en révisant le Code électoral pour mettre en place une nouvelle commission indépendante pour la préparation et le contrôle des élections, qui émane de l'opposition et de la société civile comme gage d'une opération transparente de tout le processus en tant que tel.La société civile à travers le forum civil pour le changement, à son tour, s'est attelée à la tâche en proposant une « feuille de route » qui se veut comme un jumelage entre les approches de l'opposition et celle des tenants du pouvoir réel et l'initiative de la présidence dans la perspective de dégager un panel qui s'attachera à assurer des rencontres avec les protagonistes politiques convaincus d'aller vers une élection présidentielle en respectant les termes de la Constitution. L'antagonisme est exprimé à partir du procédé pour juguler la crise, les Forces de l'alternative démocratique ayant appelé à une convention pour un pacte politique démocratique où la transition et le processus constituant la forme et leur maître-mot. Par ailleurs, les Forces du changement représentées par la plate-forme de Aïn-Benian tiennent à leur initiative qui voient en elle la seule alternative consensuelle susceptible d'apporter des réponses concrètes à l'impasse institutionnelle dans laquelle sont plongées les institutions de l'Etat. La dernière réaction émane du président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderrezak Makri en l'occurrence, où il a précisé qu'« il n'y a que l'alternative du forum pour le dialogue national de Aïn-Benian qui est en mesure de répondre à la crise qui taraude le pays et les institutions de l'Etat ». En fait, c'est une réponse aux Forces de l'alternative démocratique qui ont rejeté les versions du dialogue en présence comme initiative sur la scène politique nationale. Pour rappel, les Forces de l'alternative démocratique, elles aussi ont appelé à une conférence pour le 31 août sous l'intitulé de « convention pour un pacte politique et démocratique ».Il est tout à fait clair que la classe politique est face à ses antinomies qui renseignent sur la profondeur des malentendus et les différences qui sont le prolongement d'une démarche idéologique et programmatique. L'antagonisme est saillant au plan de l'approche qui exprime foncièrement les démarcations qui ont trait à des nuances liées au projet de société des forces politiques en présence. Les initiatives déferlent, mais les lectures sont disparates, ce qui rend les choses en matière politique très délicates et difficiles. Les luttes intestines et les différences sur la base des choix sociétaux pourraient faire émerger des situations plus rudes en termes de repositionnement sur fond de démarches idéologiques. La crise du pays est institutionnelle, les solutions doivent être en synergie avec la nature de la crise. La bipolarisation qui prend le dessus au sein de la classe politique pourrait retarder la solution et l'issue escomptée. Sauf s'il s'agit de rapports de forces réelles et qui sont en mesure de reformuler un nouveau aggiornamento, voire un paradigme susceptible de bouleverser le statu quo et l'ordre établi. Cette donne n'est pas présente avec acuité pour que la solution s'impose via les solutions émanant de rapports de forces sur le terrain de la politique concrète et de la mobilisation réelle de tous les pans de la société.