Donald Trump s'est défendu dimanche des nouvelles accusations de racisme déclenchées par sa diatribe de la veille contre un élu noir et la ville de Baltimore, une tactique électorale risquée et assumée que ses opposants qualifient de «campagne de haine». «Un désordre dégoûtant, infesté de rats et autres rongeurs», un «endroit très dangereux et sale» où «aucun être humain ne voudrait vivre» : le président américain a dépeint samedi en quelques tweets un tableau infâme de Baltimore, une ville industrielle du Maryland majoritairement noire minée par les problèmes sociaux, la drogue et la violence. Ces attaques visaient en premier lieu Elijah Cummings, élu de Baltimore au Congrès, qui avait critiqué la semaine précédente les conditions de détention des mineurs à la frontière avec le Mexique. Elles ont provoqué une volée de réactions indignées au sein de l'opposition, la chef des démocrates à la Chambre des représentants Nancy Pelosi, les qualifiant notamment de «racistes». «Les démocrates jouent toujours la carte du racisme, alors qu'ils ont en réalité fait si peu pour les formidables afro-américains de notre pays», a répondu dimanche matin Donald Trump sur Twitter.»Il n'y a rien de raciste à dire clairement ce que la plupart des gens savent déjà : Elijah Cummings a fait du très mauvais travail pour les gens de son district et ceux de Baltimore», a-t-il insisté dans l'après-midi par le même biais. Les propos présidentiels ont provoqué la colère à Baltimore. Son maire, Bernard Jack Young, les a jugés «totalement inacceptables». Le Baltimore Sun, un quotidien local, a écrit dans un éditorial qu'«il valait mieux avoir de la vermine vivant dans son voisinage qu'en être une». Le président avait invité mi-juillet quatre élues démocrates issues de minorités à «retourner» dans leur pays. à l'approche de la présidentielle de novembre 2020, Donald Trump semble déterminé à galvaniser sa base électorale, très majoritairement blanche, en alimentant les tensions raciales et idéologiques qui divisent l'Amérique. L'élue démocrate du Michigan, Rashida Tlaib, l'a accusé dimanche, sur CNN, de mener une «campagne de haine» destinée selon elle à masquer son absence de propositions pour le pays. Devenue en novembre l'une des deux premières femmes de confession musulmane élues au Congrès, l'Américano-Palestinienne fait partie - avec Alexandria Ocasio-Cortez, Ilhan Omar et Ayanna Pressley - de la «Brigade» violemment visée il y a deux semaines par le milliardaire républicain. Ses attaques répétées contre ces quatre parlementaires accusées de «haïr» l'Amérique avaient rapidement trouvé un écho auprès de ses partisans. «Renvoyez-la !», avait ainsi scandé la foule, au cours d'un meeting électoral, à l'évocation de Mme Omar, fille de réfugiés somaliens. Une stratégie vouée à l'échec, a estimé dimanche le sénateur Bernie Sanders, candidat à l'investiture démocrate pour la présidentielle de 2020 : «Les Américains n'accepteront pas un président essayant de nous diviser en fonction de la couleur de notre peau ou de notre lieu de naissance». Pour le maire de New York, Bill de Blasio, qui espère lui aussi défier Donald Trump dans les urnes l'an prochain, il s'agit avant tout d'une «manœuvre de diversion». Barack Obama, assez discret depuis son départ de la Maison-Blanche, a modestement contribué au débat en partageant samedi sur Twitter une tribune de 149 membres noirs de son gouvernement qui s'y inquiètent de la rhétorique de M. Trump et de la «montée du racisme» aux Etats-Unis. Par ailleurs, le président Donald Trump a annoncé dimanche que le chef des services de renseignement américains, Dan Coats, quitterait son poste en août et qu'il avait l'intention de le remplacer par le représentant John Ratcliffe.