Confusion. Khalida Toumi est en Algérie alors que la justice la croit en France. Le communiqué du parquet de Tlemcen, qui annonçait, dans la matinée d'hier, que l'ex-ministre de la Culture n'a pas été auditionnée en raison de son absence du territoire national, a laissé croire que Khalida Toumi a pris la fuite. Un doute légitime du fait que l'ex-ministre de la Culture savait qu'elle était convoquée par la justice depuis juin dernier et savait aussi pour quelle raison. D'ailleurs, elle avait choisi de s'expliquer sur les accusations qui pesaient sur sa personne dans les médias. Son départ en France n'est donc pas pure coïncidence. Le 20 juin dernier, défendant sa gestion, Toumi a déclaré: «Ni le ministère de la Culture ni aucun établissement sous tutelle du ministère ni moi-même n'avions acheté le chapiteau qui a servi à l'ouverture de la manifestation “Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011? Nous n'avons absolument rien à voir avec l'acquisition de cette tente.» En fait le nœud gordien de ce qui pourrait s'appeler l'affaire «Toumi» est justement le chapiteau qui a servi lors de la manifestation de Tlemcen. Une tente géante qui a été acquise à 20 milliards de centimes et qui a disparu juste après le festival. Dans cette affaire, l'ex-ministre de l'Agriculture et ex-wali de Tlemcen y est également impliqué. Certaines rumeurs ont circulé sur des «auditions de nuit» des deux ex-responsables et c'est ce qui a, sûrement amené le parquet de Tlemcen à apporter des éclaircissements sur cette affaire. Dans un communiqué rendu public, hier, le ministère public a affirmé que Khalida Toumi et Abdelwahab Nouri «n'ont pas été entendus par la justice au sujet de l'affaire de la surfacturation de la tente géante et de sa disparition après l'ouverture de la manifestation ‘‘Tlemcen, capitale de la culture islamique''», ajoutant que «le juge d'instruction du tribunal de Sidi M'hamed (Alger) était dans l'impossibilité d'auditionner les deux parties du fait que Khalida Toumi se trouve en France et que Abdelwahab Nouri, malade, est dans l'incapacité de se rendre audit tribunal». La même source a précisé que le tribunal de Tlemcen a auditionné dans le cadre de cette affaire plusieurs parties dont le directeur de la culture de la wilaya de Tlemcen, des membres du comité d'organisation de cette manifestation, le trésorier, le contrôleur financier, l'importateur de cette tente géante, le caissier des services des douanes du port de Ghazaouet. L'enquête menée auprès des mis en cause a montré que la tente géante a été importée d'Allemagne. Elle a été acheminée jusqu'au port de Ghazaouet pour être utilisée lors de la cérémonie d'ouverture de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique» avant de disparaître. Le procureur de la République près le tribunal de Tlemcen a indiqué que le parquet a demandé une copie du rapport de la Cour des comptes établi en 2013 pour consultation et définition des dépassements enregistrés à cette époque. «Des parlementaires étaient au courant de ces dépassements et ont observé le silence en ne déposant pas de plainte. Les enquêteurs poursuivent toujours leurs investigations auprès des services de la wilaya et financiers au sujet de cette affaire», a-t-il ajouté. Selon la même source, l'enquête mettra à jour d'autres affaires et révèlera des trous financiers et des transactions suspectes qui ont marqué cette manifestation culturelle et scientifique.Si on rappelle les explications de Khalida Toumi sur cette affaire, il apparaît bien qu'un lien sera peut-être trouvé avec un autre responsable, à savoir Hamid Melzi, l'ex-directeur général des résidences d'Etat, incarcéré à la prison d'El Harrach pour de nombreuses affaires dont l'espionnage au profit d'une puissance étrangère. «On nous a informés qu'on devait faire le spectacle sous le chapiteau, on l'a fait, mais sans plus et que la tente en question a été acquise par la Société d'investissement hôtelier SIH (dirigée à l'époque par Hamid Melzi, Ndlr). Cette entreprise n'est pas sous tutelle du ministère de la Culture», avait déclaré l'ex-ministre de la Culture en juin dernier. Si c'est réellement le cas et que la ministre n'a rien à voir avec la surfacturation de l'acquisition du chapiteau ni avec sa disparition, pourquoi avoir fui le pays ? En réalité, Khalida Toumi ne sera pas inquiétée par la justice uniquement sur ce dossier. La presse a déjà fait état d'autres contrats douteux cautionnés par l'ex-ministre. A l'exemple de l'autorisation de transfert signée en 2013 pour le compte d'une société américaine du montant de 17,56 millions de dollars portant sur la réalisation d'un film sur l'Emir Abdelkader, mais le film ne verra jamais le jour ! Khalida Toumi est à Alger L'ancienne ministre de la Culture, Khalida Toumi, se trouve à Alger, a constaté hier un journaliste de l'APS, qui s'est rendu dans sa maison familiale, située au Telemly (Alger-Centre). Mme Toumi a indiqué, dans une déclaration recueillie par l'APS dans la maison familiale à Alger, qu'elle n'avait pas quitté l'Algérie, «il y a au moins une année». «Je vis dans mon pays, à Alger, dans la maison familiale avec ma famille, et je n'ai pas quitté mon pays depuis au moins un an», a-t-elle précisé. Le procureur de la République près le tribunal de Tlemcen a indiqué hier matin que «le juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed (Alger) était dans l'impossibilité d'auditionner les deux parties, du fait que Khalida Toumi se trouve en France et que Abdelwahab Nouri, malade, est dans l'incapacité de se rendre audit tribunal».