La rumeur sur l'arrestation de Khalida Toumi, a tellement enflé depuis des mois qu'elle a fini par se confirmer. L'ex-ministre de la Culture a été placée hier en détention préventive à la prison d'El Harrach après son audition par le conseiller enquêteur car son nom est cité dans une affaire de corruption et de dilapidation de deniers publics. Outre Khalida Toumi, sont poursuivis également dans cette affaire, l'ancien coordinateur général des manifestations au ministère de la Culture, Belblidia Abdelhamid et l'ancien directeur de la culture de la wilaya de Tlemcen, Miloud Hakim. Il y a lieu de rappeler que Khalida Toumi est demandée par la justice depuis le début de l'été dernier, dans le cadre de l'enquête menée sur la surfacturation de la tente géante et de sa disparition après l'ouverture de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique». Une convocation qui a été au cœur d'une grande confusion. En juillet dernier, faut-il le rappeler, un communiqué du parquet de Tlemcen annonçait que l'ex-ministre de la Culture n'a pas été auditionnée en raison de son absence du territoire national, ce qui a laissé croire que Khalida Toumi avait pris la fuite. Mais juste pendant quelques heures puisque dans la journée même, la concernée a démenti l'information. Le mois dernier, l'arrestation de Khalida Toumi avait, une nouvelle fois, fait le tour des réseaux sociaux et avait même été donnée par certains médias. C'était une fake news. Mais hier, l'information a été confirmée par la Cour suprême citée par l'Agence officielle. Khalida Toumi a donc été auditionnée pour éclairer les enquêteurs sur l'acquisition du chapiteau de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique» avant que le juge instructeur ne décide de sa détention préventive. Et à ce propos, il y a lieu de rappeler que l'ex-ministre n'a pas attendu la convocation de la justice pour récuser des accusations qui pèsent sur sa personne. En juin dernier, défendant sa gestion, Toumi avait déclaré: «Ni le ministère de la Culture ni aucun établissement sous tutelle du ministère ni moi-même n'avions acheté le chapiteau qui a servi à l'ouverture de la manifestation ‘'Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011''. Nous n'avons absolument rien à voir avec l'acquisition de cette tente.» Le nœud gordien de ce qui pourrait s'appeler l'affaire «Toumi» est donc le chapiteau. Une tente géante qui a été acquise à 20 milliards de centimes et qui a disparu juste après le festival. Dans cette affaire, l'ex-ministre de l'Agriculture, ex-wali de Tlemcen, Abdelwahab Nouri, est également impliqué. Mais pas seulement à en croire le communiqué de juillet dernier émis par le parquet de Tlemcen. Ce dernier a fait état de l'audition de plusieurs parties, dont le directeur de la culture de la wilaya de Tlemcen, des membres du comité d'organisation de cette manifestation, le trésorier, le contrôleur financier, l'importateur de la tente géante, le caissier des services des douanes du port de Ghazaouet... L'enquête menée auprès des mis en cause a démontré que la tente géante a été importée d'Allemagne. Elle a été acheminée jusqu'au port de Ghazaouet pour être utilisée lors de la cérémonie d'ouverture de la manifestation, avant de disparaître. Si on rappelle les explications de Khalida Toumi, il apparaît bien qu'un lien sera peut-être trouvé avec un autre responsable, à savoir Hamid Melzi, l'ex-directeur général des résidences d'Etat, incarcéré à la prison d'El Harrach pour de nombreuses affaires dont l'espionnage au profit d'une puissance étrangère. «On nous a informés qu'on devait faire le spectacle sous le chapiteau, on l'a fait, mais sans plus et que la tente en question a été acquise par la Société d'investissement hôtelier SIH (dirigée à l'époque par Hamid Melzi, Ndlr). Cette entreprise n'est pas sous tutelle du ministère de la Culture», avait déclaré l'ex-ministre de la Culture en juin dernier. Khalida Toumi ne sera pas inquiétée par la justice uniquement sur ce dossier. Le procureur de la République près le tribunal de Tlemcen avait indiqué que l'enquête mettra à jour d'autres affaires et révèlera des trous financiers et des transactions suspectes qui ont marqué cette manifestation culturelle et scientifique. Il y a aussi les révélations publiées par la presse faisant état de l'existence de contrats douteux cautionnés par l'ex-ministre à l'exemple de l'autorisation de transfert signée en 2013 pour le compte d'une société américaine d'un montant de 17,56 millions de dollars, portant sur la réalisation d'un film sur l'Emir Abdelkader, mais le film n'a jamais vu le jour !