L'absence ou la dégradation totale du réseau routier de la commune est bien visible. El Kerma, une petite commune de la wilaya d'Oran, qui a été secouée l'an dernier par de violentes émeutes populaires, attend beaucoup de la «lettre des citoyens» adressée au wali d'Oran il y a une dizaine de jours. Il faut admettre, il est vrai, que les habitants d'El Kerma, ont tenu à marquer le passage à 2006 par une démarche assez originale. Dans un long document de 8 pages, illustré de nombreuses photos, adressé le 31 décem-bre au wali d'Oran, et dont une copie nous a été remise, les représentants de la société civile d'El Kerma ont présenté au responsable local le lamentable état des lieux dans plusieurs secteurs de leur cadre de vie communautaire. Exposant dans les détails les problèmes sociaux et les contraintes urbaines qui persistent à travers leur commune, les citoyens d'El Kerma ont ainsi légitimement exprimé leurs souffrances, leurs angoisses et leurs inquiétudes face à des lendemains qui leur semblent encore incertains. El-Kerma, une petite bourgade presque enclavée, est restée en effet, depuis des décennies, à la traîne du développement. De grandes zones d'habitat, comme la cité Amel qui n'a pas connu l'eau potable aux robinets depuis 1995, et des quartiers entiers restent encore privés de gaz de ville, connaissent de très longues périodes de pénurie d'eau potable, s'accommodent de coupures d'électricité trop fréquentes et accusent surtout une grave détérioration de l'état des voiries et des réseaux d'assainissement des eaux usées et pluviales. En fait, nous expliquent des membres de comités de quartiers, presque toute la commune est dangereusement installée sur un réseau de fosses septiques saturées et inopérantes. Cela pose un sérieux problème de santé publique et d'environnement. L'absence ou la dégradation totale du réseau routier de la commune est bien visible, et la seule entreprise de travaux de revêtement qui opère ici depuis trois ans est dénoncée pour ses «lenteurs et son inefficacité». Les problèmes sociaux liés à l'emploi et au logement se mesurent aussi au degré de l'isolement et de la marginalisation qui semble frapper cette commune depuis des années... Il est vrai que d'importants projets structurants ont été réalisés ici et là aux environs d'El Kerma. Mais pour les habitants de cette bourgade, «Ces grandes infrastructures achevées ou en cours de réalisation, tout comme Arzew, le principal site pétrochimique et industriel qui nous couvre que de sa fumée, n'ont pas et ne vont pas forcément servir aux cadres et jeunes chômeurs de notre commune. C'est surtout pour nous des unités polluantes qui ont dévasté le tissu agricole local sans apporter grand-chose aux recettes fiscales des APC». Certains nous concèdent volontiers que les dernières émeutes provoquées par le ras-le-bol et la colère des jeunes chômeurs de la commune, auraient pu être «stimulées et aggravées par une poignée d'individus qui avaient d'au-tres arrière-pensées politiciennes...». «C'est pour cela que nous nous accrochons à la voie du dialogue et de la concertation dans l'espoir d'être entendus... » ajoutent-ils, avec une pointe de pessimisme...