Quatre mille dossiers concernant des exploitations agricoles collectives et individuelles (EAC et EAI) feront l'objet d'enquêtes minutieuses qui seront diligentées par la section de recherches de la Gendarmerie nationale de la wilaya d'Oran, avons-nous appris de sources crédibles. La dilapidation du foncier agricole et le détournement de terres agricoles de leur vocation par des personnes ayant pignon sur rue figurent en bonne place dans les infractions relevées au niveau de la wilaya d'Oran. Une mesure qui permettra à la machine judiciaire d'enclencher une série d'enquêtes touchant à des personnes ayant indûment bénéficié de terres agricoles. Depuis l'éclatement au mois d'avril dernier d'un scandale lié à un vaste trafic de terres agricoles, plusieurs commissions d'enquête dépêchées à partir d'Alger ont discrètement séjourné à Oran. Il s'agissait pour les commissions en question de lever le voile sur la pratique du système du désistement à une tierce personne et les doubles affectations des terres agricoles. Selon des sources proches de la Gendarmerie nationale, une dizaine de dossiers de détournement de terres agricoles concernant neuf communes de la wilaya d'Oran sont fin prêts. Ils ont été transmis à la justice qui doit instruire, dans un premier temps, plus de cents affaires liées au bradage du foncier agricole. Le nombre des terres détournées est estimé à plusieurs centaines d'hectares arables par les services compétents qui n'écartent pas la possibilité de l'existence d'un véritable réseau de revendeurs de terres agricoles agissant par le biais du système usité du désistement à une tierce personne. Le dossier brûlant du détournement des terres agricoles à des fins autres que l'activité agricole est récurrent dans la wilaya d'Oran. Il nécessite un approfondissement des investigations qui seront menées par les services de la Gendarmerie nationale. Selon des sources proches de la section de recherches, les enquêtes seront poussées pour répondre aux plaintes émanant des fellahs injustement dépossédés de leurs biens agricoles. Des personnes bien en vue à Oran ont été déjà auditionnées par les services compétents qui ne lésineront pas sur les moyens pour débusquer les faux attributaires des EAC et EAI et les magouilleurs incrustés dans les divers services de l'administration locale. Dans la localité de Bir El Djir, continuellement convulsée par des scandales liées au foncier agricole, des dizaines de villas et autres maisons de maître cossues ont été illégalement érigées sur des lots de terrain appartenant au foncier agricole de la wilaya d'Oran. Des arrestations ont touché plusieurs responsables dont le directeur de l'agence foncière de cette localité qui a été incarcéré pour dilapidation de biens publics et corruption aggravée. À Sidi El Bachir, c'est à un autre trafic que des membres présumés d'une association à caractère sociale se sont adonnés pendant des mois sans être inquiétés par les autorités locales de la daïra de Bir El Djir, d'où partaient d'innombrables affaires scabreuses. Les autres localités de Hassi Bounif, Boufatis, Misserghine, Hassi Ameur, Sidi Chahmi, El Kerma et Aïn El Turck ont été également secouées par de violents affrontements opposant les fellahs expropriés à la force publique. Dans ces petites communes de la wilaya d'Oran, des milliers d'hectares de terres cultivables transformés en EAC et EAI ont été parcellisés et fourgués contre toute légalité à des tierces personnes. C'est dans ce climat de suspicion que la section de recherches de la gendarmerie de la wilaya d'Oran va démêler l'écheveau de plusieurs affaires qui risquent d'avoir des retentissements incalculables. B. GHRISSI