L'école publique de police est celle dont le fonctionnement est assuré par l'Etat algérien; elle accueille tous les fils du peuple en âge de servir… sans distinction de sexe, de classe sociale, d'origine ethnique ; elle leur ouvre l'accès à l'instruction générale. Son rôle est également civique puisque, laïque, elle est, pour reprendre un mot juste, « le ciment de la République ». Le mot «mission» peut provoquer quelques sourires, en raison de sa connotation dans la situation actuelle des choses avec les militaires. Mais il y a de nobles missions ! «Mission» a donc été donné à M. Khelifa Ounissi dont le titre est directeur général de la police algérienne. Ce qui implique, ou devrait impliquer, la responsabilité, ou le sens des responsabilités, chez cet homme qui s'est engagé dans l'aventure de l'heure. Dans quelles circonstances m.Ounissi a été constitué en service public, ce qui peut être considéré comme l'essentiel de son œuvre dans les années 1990, à la fin des années difficiles que le pays a traversées… jusqu'à maintenant ? C'est-à-dire à la révolution du Hirak. Enfin, j'essaie d'ouvrir un échange au sujet des problèmes actuels, essentiellement ceux qui se posent à la police et les menaces qui pèsent sur le service public de cette structure. Son nom est associé à l'œuvre sécuritaire des aéroports d'Algérie en premier lieu. Il convient de dire quelques mots sur cet homme, né à Oued Souf. Ounissi, est véritablement un homme de bonne famille qui s'est embourgeoisé. D'une famille de révolutionnaires et aisée pour lui permettre d'étudier sans travailler au départ. Il était profondément attaché aux valeurs de sa famille qui vivait entre la terre, l'industrie et la diplomatie ; il ne s'en éloignera jamais. C'était un homme d'ordre. Ami de personne il se réjouit de l'écrasement de l'islamisme qui a failli l'éliminer à Alger-Centre, précisément en bas de la Grande Poste. : «Je les ai vues (…)», disait-il, les représailles du policier vengeur de l'époque et du paysan châtiant en bon ordre, libéral, excellent juriste, qui avait refusé pourtant, un poste d'avant-garde à la wilaya de Médéa. J'ai vu ces choses sur place, je me suis incliné comme si j'apercevais l'épée de l'Archange.» Surnommé «Hamma» pour avoir, pendant le siège islamiste, refusé le blocage, il fut aussi l'homme qui rétablit la sécurité et l'ordre depuis la direction générale de la police en tant que directeur du territoire et rétablit le pouvoir civil pendant sa mission. L'oncle, qui dirigea avec poigne la famille plus ou moins heureuse, avait quitté l'armée après l'indépendance pour ne plus servir les bourgeois au pouvoir de l'époque. À son neveu, il disait: «Nos saints, les voici !», indiquant les noms d'Allah. Alors que les femmes restaient pratiquantes, les hommes étaient libéraux. Ounissi se maria civilement. L'idéal de la famille, c'était en 93 . Ferry avait fait des études de droit. Mais il n'était pas un théoricien ; intellectuel sans doute, il n'était pas un «grand intellectuel». C'est peut-être pourquoi ses ennemis se crurent autorisés à proférer cette boutade, ou ce jugement, qui se voulait définitif : «Khelifa Ounissi est un homme au-dessus du médiocre… Et si on en a fait un D.G de la police, c'est précisément parce qu'il est bon en tout». Pour son honneur, il faut ajouter la question, à savoir pourquoi seulement maintenant ? Est-ce par rapport au Hirak qui promet une rentrée chaude ou parce que la terrible bousculade suite au concert de musique avait besoin d'un homme d'ordre public ? Quand il souligne le caractère empirique, pragmatique, de la politique, Khelifa Ounissi écrit : «La sagesse», est précisément de refuser le débat dans le domaine des idées, pour le résoudre dans celui des faits.» Voyons donc maintenant, sur quoi va-t-il s'appuyer pour élaborer les lois qui sont bien des lois fondamentales dans les troubles que vit l'Algérie ? Bel optimisme, émouvant et naïf à mes yeux, pour conduire à croire, lumières à l'appui, que ce policier remédierait à l'injustice sociale, à l'immoralité, à la délinquance, en même temps qu'il permettrait la promotion sociale et favoriserait l'épanouissement intellectuel des individus. Il y a donc un terrain favorable. Tout n'ira peut-être pas pour autant dans la facilité. La vraie question, l'enjeu des débats ne porte pas sur la nécessité du développement de l'instruction, mais sur sa constitution en service public. * ancien cadre à la retraite