Au moment où nous mettons sous presse, police scientifique et experts de Naftec s'échinent encore à déterminer les causes exactes de cet accident. Hier matin, la fumée émanant du port était visible des hauteurs d'Alger. Les denses nuages étaient tellement persistants qu'ils ont suscité ça et là des agglomérations de personnes qui observaient à distance le spectaculaire incendie aux gigantesques flammes. Aussi bien dans les environs qu'à l'intérieur du port, la pa-nique était manifeste. Des citoyens, parmi les 80 familles habitant à proximité du port, affirment qu'une forte odeur de gaz persistait des heures avant la déclaration du feu. Ces derniers évoquent également des explosions d'une rare intensité, lors de la déclaration du feu de ce ven-dredi. D'aucuns parlent carrément de trois explosions. Ce type d'incidents aurait déjà été vécu. Notamment en 1996, ajoute-t-on. Le lieu du sinistre était la station de déballastage de navires, dont la gestion revient à Naftec et à l'entreprise portuaire, que l'on dit également être une sorte de grande station de carburant pour bateaux, directement alimentée à partir de la raffinerie de Sidi R'zine, d'Alger. Non loin d'elle, la centrale de dessalement d'eau de mer des Sablettes mais aussi et à quelques mètres la mégacentrale électrique du Hamma. Vers midi, les flammes surgissaient littéralement des eaux marines, alors qu'un impressionnant cordon de sécurité empêchait les nombreux badauds de s'aventurer plus loin vers le lieu de la catastrophe. Etaient aussi mitoyens au sinistre des sites autrement plus sensibles telles l'usine de production de corps gras d'Alger ou même les nombreuses canalisations de Naftal qui s'apparentent à de véritables pipe-lines de gaz et de pétrole. D'autant que la station victime des flammes est alimentée en fuel pour bateaux à partir de la raffinerie de Baraki à quelque vingt kilomètres de là. Le périmètre du sinistre abrite, faut-il le rappeler, les familles de quelques travailleurs du port, lesquelles ont été immédiatement évacuées vers des zones plus amènes. Ainsi, c'est au quai 37, et à 11h45 que le feu a pris. Suite, explique-t-on pour le moment, à un incident qui aurait eu lieu lors du déballastage d'un navire. C'est-à-dire, ajoute-t-on encore, qu'un concentré de résidus d'hydrocarbures aurait fait le lit de l'incendie alors qu'il était évacué par un égout vers la mer. Un procédé de routine, explique-t-on lors d'un point de presse improvisé sur place et auquel participait le patron de la Protection civile nationale, M.Mustapha Lahbiri. Ce dernier est venu au même titre que le représentant de l'Intérieur, M.Dahou Ould Kablia suite à la sérieuse alerte. En effet du fuel se serait fortement mélangé à l'eau de mer, créant de la sorte un mélange détonant. La combustion se serait alors déclarée à la faveur d'une étincelle ou d'un mégot malencontreusement jeté...par des personnes qui passaient librement tout près de là, bien qu'à l'extérieur de cette enceinte hautement stratégique. D'autant que l'on n'exclut nullement le risque d'explosion dû au méthane dans ce type de situation. Ce que dénoncent justement des responsables au fait de ce type d'installations. M.Abdelhak Bourai, DG du port d'Alger, évoque un plan Orsec immédiatement déclenché. Il aura fallu plus de 17 camions-citernes et pas moins de 140 éléments de la Protection civile pour venir à bout de la catastrophe. Lesquels ont immédiatement procédé au refroidissement des cuves à coup de puissants et abondants jets d'eau. De leur côté, alertées, les équipes de la Sonelgaz ont tout de suite effectué le dégazage et le nettoyage des canalisations aux côtés des équipes de Naftec. Vers 13h15 et quand bien même l'on entendait quelques vrombissements de sirènes, tout danger était écarté autour des cuves qui chacune peut contenir quelque 5000 m3 entre fuel et eau de déballastage. Les dégâts, tous circonscrits «à l'extérieur» c'est-à-dire du côté des falaises, soit à 120 m du bac principal, étaient finalement pratiquement infimes. Ni dommages matériels ni pertes humaines, pas même des blessés. Bien qu'un discret ballet d'ambulances entrecoupait alors les déclarations des uns et des autres. L'on a dû d'autre part, et à l'aide de remorqueurs nouvellement acquis, éloigner vers le large des bateaux qui étaient en rade et dont l'un appartenant à Sonatrach. Au moment où nous mettons sous presse, police scientifique et experts de Naftec s'échinent encore à déterminer les causes exactes de cet accident. Rappelons que le déballastage de bateaux, entre autres les méthaniers, demeure une exigence de la convention de Barcelone, portant sécurité des ports. Par ailleurs, M.Ben Ameur, responsable du réseau de conduites d'Alger à Sonelgaz exclut tout risque sur les conduites d'électricité ou de gaz alentours. Et qu'Alger ne subira aucun désagrément de distribution à la suite de cet incident.