Ayant assisté à la 1ère édition du festival du patrimoine bâti, plusieurs visiteurs estiment qu'il faut rééditer cette initiative. « Grâce à ce festival j'ai pu découvrir le charme de la maison kabyle», témoigne Farid, étudiant en première année architecture. Le festival en question a eu lieu il y a quelques semaines au village Tazerouts, commune d'Abi Youcef, à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Tizi Ouzou. Organisée à l'initiative de l'association du village, Djamel at Umejkan, cette manifestation constitue «le couronnement de celles déjà organisées auparavant et portant sur la vie dans un village kabyle», a souligné Aït Kheldoun Slimane, vice-président de l'association organisatrice qui a réhabilité, à l'occasion, une vieille maison du village pour servir de témoin aux visiteurs. Lors de la cérémonie d'ouverture, Makhlouf Naït Saâda, ancien directeur d'architecture et d'urbanisme au ministère de l'Habitat et membre du comité d'organisation, a rappelé que «le patrimoine bâti demeure l'œuvre essentielle de l'humanité, déterminée par le climat, la disponibilité du matériau, ainsi que l'aire culturelle pour se protéger des aléas de la nature». A ce titre, a-t-il fait remarquer, la maison traditionnelle kabyle, «avait pour vocation première d'abriter ses habitants et, dans une certaine mesure, d'être fonctionnelle, d'où sa conception et son aspect rudimentaires». De même, a-t-il poursuivi, elle a toujours constitué «un espace et un univers où a toujours cohabité l'homme, avec quelques animaux domestiques, qui contribuait à sa subsistance et même à l'entretien des lieux». Elle est souvent construite, a-t-il ajouté, «grâce à l'entraide des citoyens du village avec des pierres et du bois ramassés des champs et, l'un de ses aspects extérieurs prédominant est une certaine uniformité de par ses matériaux, ses structures et sa géométrie». Ce qui traduit, selon lui, «un souci d'égalitarisme et d'affirmation d'appartenance communautaire qui a toujours prévalu dans l'entreprise de construction». Autre aspect fondamental de la maison traditionnelle kabyle, a-t-il ajouté, est que «l'aménagement et l'agencement de l'espace intérieur, décors, niches et mobiliers de fortune, est l'apanage de la femme. L'homme n'interfère jamais dans l'aménagement ou l'agencement intérieur de la maison». Au lendemain de l'indépendance, «la maison traditionnelle n'a pas échappé aux transformations socioculturelle, démographique et économique qu'a subies la société algérienne dans son ensemble et a subi l'influence d'éléments empruntés qui n'avaient apporté aucune fonction utile», a souligné Naït Saâda.