Des étudiants de quatrième année en architecture, du pôle universitaire de Tamda, ont effectué, dimanche et lundi derniers, des visites au village Ihitoussène, dans la commune de Bouzeguène, pour opérer des relevés précis sur de vieilles maisons kabyles. Les étudiants, qui se sont répartis en groupes, ont rejoint les îlots de maisons situés près de la vieille fontaine ancestrale d'une part, de Tajmâat et de la mosquée d'autre part. Ce quartier du village, qui est en grande partie inhabité, recèle encore quelques habitations aux normes anciennes qui résistent encore aux caprices du temps et de la nature. Ces demeures renferment de précieux indices qui intéressent les étudiants en architecture. Ils ont d'ailleurs exploité tout le temps nécessaire pour réaliser tous les relevés, notamment les dimensions de tous les compartiments à l'intérieur et à l'extérieur des habitations anciennes. «C'est avec plaisir que nous retrouvons le village Ihitoussène pour compléter le travail exécuté par nos collègues. Notre mission est d'effectuer des relevés, en terme de dimension, dans une maison traditionnelle ‘type'. Il y a une parfaite ressemblance avec les autres villages de Kabylie avec uniquement quelques détails dans la conception du bâti, selon qu'ils soient en plaine ou en altitude», dira Taous Mouloudj, de la région de Boghni, étudiante en mastère 1. De son côté, sa collègue, Samira Benakli, ajoute : «Il faudra aussi situer approximativement l'âge de cette maison pour la situer historiquement. Les matériaux de sa conception, notamment la toiture, nous aident à identifier l'époque.» Rien n'est laissé au hasard par les étudiants qui doivent mesurer les ouvertures, l'épaisseur et la hauteur des murs, les dimensions des pierres de la façade principale, la cour de l'ensemble du bâti appartenant à une seule famille ainsi que le rôle de chaque compartiment. Il faut dire que la grande majorité des villages est en train de se transformer avec la disparition progressive des maisons traditionnelles anciennes qui tombent en ruine par abandon ou par manque d'entretien. Elles sont progressivement remplacées par des habitations en béton. Les vieilles maisons sont constituées de larges murs de pierre et de terre, recouverts de poutres et de tuiles. Autrefois, ces maisons abritaient, sous le même toit, toute la famille, les animaux, les vivres et les outils. Certes rudimentaires, mais très ingénieuses dans leur conception technique, elles sont sous la menace de disparition si elles ne bénéficient pas de protection et de restauration. Dans beaucoup de villages de Kabylie, comme celui d'Aït El Kaïd qui est classé patrimoine national, la restauration des maisons est une nécessité impérieuse pour préserver la nature réelle du village.