Le marché de Bouira est un vrai bourbier en ces temps de pluie. Dans la tradition et l'histoire de notre pays à travers les siècles, le marché est un espace hautement symbolique. C'est dans ces lieux que s'opéraient l'ensemble des transactions commerciales, certes, mais aussi où se tissaient les relations entre citoyens. Lieu des rencontres hebdomadaires, Souk Essabt, en référence à la journée de son déroulement, le marché de Bouira se tenait à l'entrée Sud de l'actuel chef- lieu de wilaya. Il permettait aux citoyens des régions est et sud de la wilaya de se ravitailler auprès des marchands venant même de la wilaya de Tizi Ouzou. A la faveur du modernisme des moyens de transport et après l'indépendance, le marché à poursuivi ses activités mais avec plus d'ampleur. Le lieu a changé après que le propriétaire de l'ancien site ait récupéré son bien. Actuellement le marché de Bouira se tient à quelques encablures du Centre-ville, à côté de la gare routière. La fréquentation s'est multipliée et le rôle se résume au seul caractère commercial. Les cafés de fortune d'antan ont disparu si on excepte ce jeune du Sud qui arpente les lieux, proposant du thé dans des gobelets jetables. Les vieux ont déserté les lieux, confiant la mission à leur progénitures. Les marchés de notre époque n'ont rien à voir avec ceux du passé. L'autre grand changement et c'est-là l'objet de notre souci concerne la saleté. Le marché de Bouira est un vrai bourbier en ces temps de pluie. Loué à des privés, le lieu n'offre pas les conditions élémentaires d'hygiène. Les commerçants, en fin de journée, laissent leurs détritus sur place. Avec le temps, une épaisse couche de déchets s'est solidifiée pour constituer un véritable danger pour les usagers des lieux. Les clauses introduites dans les cahiers des charges, lors de l'adjudication, ne sont pas respectées par les locataires. Dans une précédente édition, nous avons attiré l'attention des responsables sur l'abattage des volailles dans un coin de ce marché. Quelques jours après, une campagne menée tambour battant a fait disparaître le phénomène mais ce dernier revient à la charge avec la levée du dispositif mis en place. S'agissant toujours du confort des citoyens, de nom-breux commerçants de circonstance proposent leurs articles aux abords du marché sur la voie publique. La circulation sur les lieux relève alors d'une prouesse semblable à celle des skieurs. Toujours aux abords de ce lieu hautement fréquenté les vendredis et samedis, le «parking mania s'est emparée des lieux» entourant le site. Des mineurs munis de gourdins se partagent les espaces et exigent 50 DA pour tout véhicule qui stationne. L'inexistence d'un petit coin public pousse les usagers à faire leurs besoins sur les murs et autres coins du marché. Nous laissons le soin au lecteur d'imaginer les conséquences. Ce marché représente une rentrée financière importante pour la commune. Pourquoi ne pas reprendre le bien et créer une régie qui se chargera de sa gestion. le privé est défaillant, il s'enrichit sans se soucier de la sécurité des visiteurs. Certes, Bouira s'apprête à réceptionner un grand marché à bestiaux situé à environ 5 km à l'ouest du chef-lieu, mais le marché hebdomadaire, lui, restera en ville et continuera à être une destination des habitants. Quelques aménagements et des opérations répétées de nettoyage rendront au marché de Bouira son visage et son rôle de point de rencontre pour des milliers de citoyens.