Les mêmes appréciations faites en 2005 ont été répétées en 2006 et exactement durant la même période. Dans une liste de 26 pays classés à risque sécuritaire, rendue publique par le département d'Etat américain, l'Algérie se situe à la deuxième place, par ordre alphabétique, après l'Afghanistan. Le « Travel Warning », rapporté, il y a quelques jours, par l'agence d'information AP, recommande aux ressortissants américains d'éviter cette liste de pays ou alors de «faire preuve de vigilance» s'ils sont amenés à s'y rendre. Cette mise en garde de Washington contre l'Algérie est pour le moins curieuse. C'est le cas de le dire car au plan politique, les relations entre les deux pays n'ont jamais été aussi bonnes. L'année 2006 a démarré par un ballet de délégations américaines à Alger et qui se poursuivra jusqu'au 28 de ce mois. Les dernières personnalités à visiter le pays ont été des responsables du département de la Sécurité et de la Lutte contre le terrorisme. Auparavant, il y a eu une autre délégation du Congrès qui a été reçue par les plus hauts responsables politiques dont le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia. Avec cette affluence record de responsables US à Alger, avec cet intérêt accru pour l'expérience algérienne en matière de lutte antiterroriste, l'Oncle Sam n'arrive pourtant pas à changer de vision sur l'Algérie. Aucune évolution dans l'appréciation «du risque Algérie» n'a été constatée chez les spécialistes américains. Exactement les mêmes appréciations qui ont été faites en janvier 2005 ont été répétées en 2006 et exactement durant la même période. A croire que les experts US ont programmé un logiciel qui contient le dossier Algérie et qui se déclenche de façon automatique à chaque fin d'année et avec les mêmes données. En 2005, le département d'Etat, rappelle-t-on, a conseillé aux Américains qui se rendraient en Algérie «d'évaluer avec soin leurs conditions de sécurité». Il leur a recommandé de se faire accompagner par des Algériens ou des personnes de confiance, notamment à leur arrivée au niveau des aéroports algériens. Ensuite, cette nouvelle attitude américaine traduit le décalage avec la volonté exprimée au niveau politique pour un resserrement des liens entre les deux pays et la détermination sur le plan économique. Il faut dire qu'une pareille évaluation n'est pas de nature à inciter les investisseurs américains à se ruer vers l'Algérie. Les Travel Warning, a défaut d'autres appréciations plus rigoureuses et fiables, sont généralement considérés comme étant le baromètre de la situation sécuritaire d'un Etat et de sa stabilité. L'impact de ces appréciations est direct sur les réflexes des investisseurs américains très pointus en matière de collecte d'informations sécuritaires. De ce point de vue, les Travel Warning américains ont des enjeux stratégiques et peuvent même constituer, dans certains cas précis, des cartes maîtresses pour des groupes de pression et des lobbyings américains. L'Algérie qui a décidé de «renouveler son arsenal militaire aérien et maritime», sa flotte de transport aérien, des chantiers tous azimuts à coups de milliards ne laissera pas indifférents les mastodontes US qui revendiquent la part du lion dans les pétrodollars algériens. Cela étant, aucune évolution dans l'appréciation sécuritaire américaine depuis une année. Pourtant, aucun ressortissant étranger n'a été tué en Algérie depuis des lustres même si le Gspc, le principal groupe terroriste encore en activité en Algérie, demeure dangereux au niveau «de certaines poches sécuritaires». Le dernier «rapport sur le terrorisme dans le monde» publié le 27 avril 2005 par le département d'Etat US a accordé un grand satisfecit à l'Algérie parmi une centaines de pays où existe le danger terroriste, selon ce rapport. L'Algérie continue à offrir «sa forte collaboration aux efforts américains en matière de contre-terrorisme et a démontré son support à la lutte globale contre la terreur», a noté ce document de plus de 500 pages. Sur le plan interne, le rapport a considéré que «l'Algérie a fait d'impressionnants gains dans sa lutte» contre les groupes islamistes. Il est fait d'ailleurs, référence à l'élimination des principaux chefs terroristes ainsi qu'aux autres faits d'armes des éléments de l'ANP et des services de sécurité algériens. Le rapport cite notamment l'élimination de Nabil Sahraoui, l'ex-émir du Gspc, en juin 2004, l'arrestation, en octobre de la même année, d'Amari Saïfi, dit Abderrezak El-Para, «chef d'une faction du Gspc responsable du kidnapping de 32 touristes européens», et l'arrestation, aux environs d'Alger, de 400 éléments du Gspc et du GIA.