Le «mérite» de l'ancien chef de l'AIS était hier d'avoir admis que des «erreurs» ont été commises par ses groupes. «Nous n'étions pas montés au maquis pour chasser du gibier», répond Madani Mezrag, à une question de savoir, s'il éprouvait un quelconque remords par rapport aux assassinats perpétrés par ses groupes. Pourtant, comble du paradoxe, Mezrag «met au défi quiconque pourrait témoigner avoir reçu l'ordre de la part de l'AIS de liquider un appelé du service national, ou commettre un massacre contre les populations». Reconnaissant en partie les déclarations faites à jeune Afrique l'intelligent, à quelques «retouches» près, à savoir que ses propos ont été mal interprétés par le journaliste, Mezrag, fidèle à ses positions idéologiques, s'était même permis de donner des leçons d'éthique et de déontologie à la presse qui, d'après lui, manque de professionnalisme. Un constat évident, à une seule différence, que plus d'une soixantaine de confrères ont été froidement assassinés, pour avoir «osé» exprimer leur différence. «Ce n'est pas nous, c'est le GIA», tient à préciser Mezrag. Ce dernier a tenu tout de même à rappeler une position toute tranchée: «Les frontières sont clairement définies entre les défenseurs des valeurs nationales, à savoir la langue arabe et l'islam, et ceux qui sont imprégnés de la culture laïque et francophone. » Mais ne pensez-vous pas que la réconciliation c'est aussi le respect d'autrui, dans un cadre empreint de tolérance et de respect ?, interrogeons, nous. Et à notre interlocuteur, visiblement gêné, de répondre : « Nous sommes dans un pays musulman et nous n'admettrons jamais que quelqu'un porte atteinte à ce principe. » Revenant sur l'interruption des élections législatives de décembre 1991, Madani Mezrag impute la responsabilité de la « tragédie nationale » à un petit lobby d' « éradicateurs » avant de s'interroger : « Pourquoi quand Khaled Nezzar avait assumé publiquement dans ses mémoires d'être derrière l'arrêt du processus électoral, cela n'a pas soulevé une polémique, comme c'est le cas pour mes dernières déclarations, au demeurant tronquées, à Jeune Afrique ? » Notre invité n'a, toutefois, pas manqué de rappeler le rôle joué par l'AIS dans la guerre contre le GIA, au lendemain de la trêve passée avec l'armée. « Nous avons combattu le GIA et contribué au retour progressif de la paix », indique l'ex-chef terroriste. Mais, les séquelles vont-elles se refermer ? Mezrag rétorque : « Si ma mort pourrait atténuer leurs souffrances, je suis prêt à m'offrir en sacrifice à ces familles. » A. L.