L'ancien “émir” national de l'AIS a déclaré, hier, lors d'un point de presse à Alger, avoir “mené une guerre juste” assumant ainsi les actes de terrorisme commis durant les années 1990, tout en annonçant l'existence de centaines de terroristes armés en trêve avec lesquels il serait en contact pour qu'ils se rendent aux autorités. Environ 200 terroristes sont encore en activité, selon le chef de l'AIS. Pas une once de regret dans le regard ou la voix de Madani Mezrag, “émir” de l'AIS, qui animait hier une conférence de presse sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Interpellé sur le nécessaire devoir de vérité et de justice envers les victimes du terrorisme et leur famille, le chef du groupe terroriste, ayant déposé les armes en 1997, s'est montré catégorique : “Je suis prêt à comparaître devant le tribunal de Sharon s'il le faut, ma plaidoirie serait la même : j'ai mené une guerre juste.” En d'autres termes, Madani Mezrag reprendrait, s'il le faut, les armes pour les mêmes raisons qui l'ont mené au maquis à l'orée des années 1990, et aussi disposé à sacrifier des milliers de vies humaines sur l'autel de sa cause. “Pourquoi chercher le pardon et la justice ? Ce genre de crise se règle par les compromis”, a-t-il précisé. Il a ajouté, à l'occasion, que l'accord conclu entre l'AIS et l'Etat consistait en une amnistie générale. “Nous, aussi, avons fait des concessions”, a-t-il soutenu comme s'il revendiquait un quelconque service qu'il rendait au pays et à ses autorités. “Ceux qui sont contre la réconciliation nationale ne représentent que 1% de la population”, a-t-il avancé, sans trop convaincre. Le numéro 1 de l'AIS, entouré de quelques-uns de ses lieutenants, dont Kartali et Benaïcha, a affirmé soutenir pleinement le projet du président Bouteflika. “Nous ferons campagne pour le référendum du 29 septembre prochain”, a-t-il annoncé. Il a reconnu, néanmoins, que lui et ses compagnons n'adhéraient pas à quelques dispositions contenues dans ladite charte. Ils s'insurgent contre l'interdiction d'exercice politique frappant les leaders du FIS dissous et les islamistes radicaux. Ils reprochent au chef de l'Etat d'avoir imputé au FIS l'entière responsabilité de la “tragédie” que l'Algérie a subie pendant plus de dix ans, bien qu'ils reconnaissent que le parti dissous a commis “quelques erreurs irréparables”. Ils estiment, en outre, que la version historique de la crise sécuritaire et politique, telle que présentée dans le texte, est biaisée. “Le président Bouteflika fait, de cette manière, une concession aux éradicateurs pour pouvoir passer quelques mesures spécifiques”, a affirmé Madani Mezrag. Il a ajouté que l'AIS a exprimé un avis sur le contenu à donner à la charte, mais il n'a pas été pris en compte par les concepteurs du projet. Madani Mezrag s'est ensuite attaqué à Abassi Madani, lequel a déclaré dernièrement qu'il n'avait incité personne à verser dans le terrorisme. “Cela est dû à son grand âge. Je souhaite toutefois qu'il soutienne la démarche du président Bouteflika.” L'ex-“émir” a révélé qu'environ 200 terroristes sont toujours en activité, tandis que quelques centaines d'autres observent une trêve tout en gardant leurs armes, à l'instar des éléments de katibat El-Ahoual de Relizane. Ce qui revient à conclure qu'ils sont susceptibles de reprogrammer des attentats à tout moment. “Nous sommes en contact avec eux pour qu'ils déposent les armes”, a indiqué le conférencier. S. H.