Israël va déployer quelque 1 500 policiers à Jérusalem-Est. Le leader palestinien Mahmoud Abbas a appelé, hier "chaque Palestinien" à voter aujourd'hui aux élections législatives en Cisjordanie et dans la Bande de Ghaza. "Les élections sont un droit pour chaque citoyen et il doit l´exercer. Il s´agit d´un devoir national qu´il doit accomplir", a déclaré M.Abbas à l´issue d´un entretien à Ramallah avec l´ancien président américain Jimmy Carter, qui dirige une délégation américaine venue observer le scrutin. Pour sa part, Israël va déployer quelque 1500 policiers à Jérusalem-Est pour veiller au bon déroulement des législatives palestiniennes, a affirmé mardi le commandant de police du district de Jérusalem, Ilan Franco. "Nous allons déployer (à Jérusalem-Est annexé) quelque 1500 policiers qui veilleront au bon déroulement du scrutin", a déclaré M.Franco à la radio publique israélienne. "Nous craignons des tentatives d´attentats, notamment de la part des organisations terroristes opposées à la tenue de ce scrutin", a-t-il ajouté. Le commandant Franco a précisé que "le jour du scrutin, quelque 6000 électeurs palestiniens pourront aller voter soit dans six bureaux de poste à Jérusalem (dans le secteur oriental annexé: ndlr), soit hors des limites municipales" de la ville sainte, en Cisjordanie. D'après un sondage publié hier, le Fatah devrait obtenir 59 sièges au Parlement. Le sondage, réalisé par l´institut Near East Consulting, basé à Ramallah, souligne que le Fatah devrait pâtir d´un phénomène de dispersion de voix, en raison du grand nombre des candidats issus ou proches du mouvement qui se présentent en tant qu´indépendants, ce qui profiterait au Hamas, dont les candidats et les sympathisants sont beaucoup plus disciplinés. En outre, des sources proches de la Maison-Blanche, affirment que la participation du mouvement armé Hamas aux élections législatives palestiniennes représente un dilemme pour l´administration américaine, forcée d´envisager une large victoire électorale de ce qu´elle considère toujours comme une organisation terroriste. Washington, qui défend partout dans le monde la valeur des principes démocratiques, a conservé le Hamas sur sa liste des organisations terroristes, ce qui lui interdit d´avance tout rapport avec les candidats du groupe armé qui seront élus lors du scrutin de mercredi. L´administration américaine estime que le refus du Hamas de reconnaître le droit à l´existence d´Israël et d´abandonner les armes est incompatible avec une activité politique. Mais en même temps, elle a approuvé la décision du président de l´Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, de laisser le Hamas participer aux élections, et fait pression sur Israël pour qu´il renonce à entraver les élections palestiniennes. La secrétaire d´Etat Condoleezza Rice a récemment déclaré comprendre la décision du dirigeant palestinien: "Je crois qu´il essaie d´être celui qui a permis la tenue de ces élections d´une manière libre et démocratique et je pense que c´est une bonne chose", a-t-elle déclaré. Les responsables américains insistent sur le fait qu´ils ne traiteront pas avec le Hamas, même si le groupe armé fait, comme prévu, une entrée en force au Parlement et obtient des postes de ministres au sein de l´Autorité palestinienne. Ils soulignent qu´une large victoire du Hamas pourrait compromettre la "feuille de route", le plan de paix international qui prévoit la création d´un Etat palestinien. En fait, en privé, les responsables américains espèrent qu´une participation du Hamas à la vie politique palestinienne va calmer les ardeurs combattantes de ses militants. Ils ont appelé, à plusieurs reprises, le groupe armé à renoncer à la violence mais n´ont jamais dit clairement si une telle décision conduirait à une reconnaissance du groupe par les Etats-Unis. Cette approche a provoqué de nombreuses critiques. Ainsi Richard Satloff, du Washington Institute for Near-East Policy, considère qu´il s´agit d´une marche arrière par rapport à l´attitude adoptée vis-à-vis de l´Organisation de Libération de la Palestine (OLP) de Yasser Arafat.