Il «rêve» de l'ouverture du champ audiovisuel en Algérie et «n'a pas peur» de faire face à la concurrence... L'Expression: Pourriez-vous d'abord nous parler de votre projet de partenariat avec Beur TV? Amine Hachemi: D'abord, je tiens à souligner qu'on ne fusionne pas. Pourquoi? Parce que Algérie Première continue son projet. La chaîne recherche toujours des financiers par rapport au faisceau satellitaire et à la production. Je dois vous rappeler que nous avons déjà produit pour l'Entv, même si ce n'est pas encore grand-chose. On a également lancé sur la chaîne française La Locale, l'émission, Fenêtre sur Alger, comme on a produit pour les Koweïtiens et pour d'autres chaînes de télévision. Aujourd'hui, on compte participer avec Beur TV à relancer la production ici en Algérie. On a soumis 4 émissions qui ont été acceptées. Elles traiteront de la musique, la jeunesse, l'économie et le sport. Maintenant que cet accord a été signé, l'antenne va commencer à les émettre début février. Pourquoi produire pour le compte de Beur TV. Est-ce à dire que vous avez arrêté avec La Locale? On n'a pas arrêté avec La Locale. Il faut savoir que cette chaîne s'est améliorée, dans son image, dans sa production et sa qualité. Maintenant par rapport aux téléspectateurs algériens, elle est très culturelle. Aujourd'hui, il y a des animateurs qui ont démarré sur La Locale et font vraiment des émissions à l'adresse de l'Algérie et s'intéressent à notre communauté artistique. Ici, on n'a pas trouvé de sponsors ou d'investisseurs qui voudraient lancer ce même concept. On a préféré aujourd'hui continuer avec La Locale en réalisant des soirées, des galas, qu'on est en train de préparer. C'est-à-dire inviter des groupes étrangers qui passent sur La Locale et font des spectacles ici en Algérie. Et puis, lors du lancement d'Algérie Première au CIP, Beur TV et La Locale étaient déjà réunies. Ce n'est pas nouveau. M.Kettane avait pris la parole pendant la conférence de presse. Il nous avait soutenu. En fait, aujourd'hui, on essaye juste de réunir nos compétences pour pouvoir améliorer le niveau de toutes les chaînes, dont Beur TV qu'on veut faire rapprocher de l'Algérie. La Locale aussi avec qui on veut garder un lien sur le plan culturel en organisant des galas et des concerts. Algérie Première, son programme est sur le net, c'est : www.algérie-première.com. Elle va commencer à diffuser sur le net ces jours-ci, la rediffusion en fait de ses émissions. Mais réellement, un problème financier se pose par rapport au faisceau satellitaire. Quels sont les objectifs de la chaîne Algérie Première? Aujourd'hui, le seul objectif d'Algérie Première est de devenir la première chaîne privée jeune, c'est-à-dire donner aux 19 millions de téléspectateurs une chaîne qui leur ressemble. C'est sûr qu'on ne pourra réunir tout le monde mais on essayera de réunir un maximum de personnes. Pensez-vous véritablement que le champ audiovisuel algérien va se déverrouiller? En tout cas, si j'ai choisi le nom d'Algérie Première pour ma chaîne, ce n'est pas pour rien, parce que je suis Algérien et je rêve de l'ouverture du champ audiovisuel en Algérie. Je produis dans ce pays. Je suis parti au Luxembourg créer cette chaîne parce qu'il faut pousser la commission européenne à investir avec nous dans l'audiovisuel et à aider la jeunesse. Il y a des fonds pour cela au niveau de la commission européenne, qui ne sont pas utilisés, par l'Algérie. Je me suis établi en Europe pour justement provoquer cet appel, pour que ces fonds soient vraiment utilisés par l'Algérie et par et pour les jeunes. Je ne me suis jamais caché de dire qu'Algérie Première veut s'installer en Algérie et diffuser d'Algérie. La boîte de production qui a signé cet accord avec Beur TV est algérienne. En tout cas, on veut devenir le laboratoire, l'expérience qui pourra être débattue et peut-être déboucher sur l'ouverture audiovisuelle, inch'Allah. Comment est financée votre chaîne? Il faut savoir qu'Algérie Première a bel et bien des partenaires. Mais il y a aussi une réalité qui veut que les investisseurs étrangers dans le domaine de l'audiovisuel dans notre pays ne sont pas encore en confiance. Ils ne savent pas comment récupérer leur argent. C'est vrai qu'ici, on gagne des dinars, pas des euros. Donc, ceci premièrement. Deuxièmement, je suis issu du milieu de l'audiovisuel, qui m'a soutenu un peu. Aujourd'hui, réellement, le seul bénéfice d'Algérie Première et son seul financement est la production. Face à l'explosion des chaînes satellitaires, pensez-vous pouvoir vous imposer? Eh bien, il y a trois jours sur Arte, il a été diffusé un superbe reportage où il est dit : les arbres poussent en Kabylie. Personne ne savait qu'il allait être diffusé mais tout le monde l'a regardé. A partir du moment où on touche à l'Algérie, on parle de l'Algérie, quel que soit le sujet, il est regardé. On a des téléspectateurs formidables qui suivent toute l'information qui se dit ou se diffuse sur eux ; à mon avis, on n'a pas peur. Il y a eu les Egyptiens, les Européens... mais l'Algérie restera l'Algérie. La preuve, c'est que l'exception culturelle algérienne reste là.