Poursuivant leur action de protestation, les étudiants de l'université de Béjaïa ont assiégé, mercredi passé, le siège du rectorat. Le recteur et une dizaine de ses collaborateurs, dont plusieurs femmes, de l'administration universitaire, n'ont pu être libérés que vers trois heures du matin. Le groupe de près de 70 étudiants, dont certains ont été reconnus pour avoir bénéficié de chambre individuelle, avait vainement tenté de forcer une ultime porte blindée qui protège les étages supérieurs du bâtiment. Un corps-à-corps assez sérieux s'était engagé entre ces étudiants et les agents de sécurité de faction. Des dégâts ont été causés à la réception. En raison des lois protégeant les franchises universitaires, les services de sécurité ont beaucoup hésité avant d'intervenir. Le recteur de l'université de Béjaïa a refusé d'évacuer les lieux avant de s'assurer que plus personne ne s'y trouve. Et ce n'est que vers trois heures du matin que la police réussit à évacuer les lieux de tous ses occupants. Un fait tout de même bizarre et qui mérite d'être relevé, puisque l'hébergement dépend de la direction des oeuvres sociales de l'université: pourquoi les étudiants frondeurs s'en prennent au rectorat. Une évolution de la protestation incompréhensible, en effet. Du coup, on parle volontiers de manipulation sans pour autant connaître ni son origine ni ses objectifs, un geste paradoxal en somme puisque le problème à l'origine n'interpelle pas directement le recteur de l'université, mais celui de l'Onou. Pour rappel la colère estudiantine, née du manque de structures d'hébergement, s'était d'abord exprimée par la fermeture de la RN 9 dimanche passé, avant que les frondeurs ne reviennent à la charge via une marche vers le siège de la wilaya. Près de 1000 étudiants attendent d'être hébergés dans la nouvelle résidence dont l'ouverture promise pour la rentrée des vacances d'hiver s'est vue reportée au mois d'avril prochain. C'est l'essentiel de la colère des étudiants.