Onze étudiants ont été présentés, hier, devant le procureur général près le tribunal de Béjaïa. A la suite du dépôt de plainte introduit, mercredi dernier, par les services du rectorat de l'université de Béjaïa, au lendemain de l'occupation par des dizaines d'étudiants des locaux de l'administration, onze étudiants ont été présentés, hier, devant le procureur général près le tribunal de Béjaïa. Trois faits leur sont reprochés après leur audition de dimanche dernier par la police judiciaire: agissements au nom d'une structure illégale, incendie volontaire perpétré le jour de la protestation dans la salle de lecture et destruction de biens de l'Etat. Pour rappel, la grogne estudiantine est née à la suite de leur première action de soutien aux étudiants de l'université de Bouzaréah, organisée le 18 mai dernier. L'empêchement de cette action par les services de sécurité s'est soldé par de violents affrontements qui se sont poursuivis durant plusieurs jours. Mais la goutte qui a fait déborder le vase restent l'arrestation de l'étudiant Cherfaoui et sa condamnation à six mois de prison ferme. La situation s'est corsée davantage en donnant lieu à un conflit récurrent entre le rectorat et le forum des étudiants qui s'est soldé par la suspension des examens, l'arrêt définitif des cours et la perturbation totale de l'opération pédagogique. Les étudiants exigeaient du recteur qu'il intervienne pour libérer leur camarade emprisonné à la maison d'arrêt de Béjaïa et le retrait de la plainte déposée à l'encontre des onze étudiants, comme mesure d'apaisement pouvant permettre la reprise des études et la poursuite des examens. Le recteur, de son côté, s'est interdit d'intervenir dans les affaires de la justice en affirmant que «les animateurs du Cnes sont derrière les problèmes que vit l'université de Béjaïa». De leur côté, les syndicalistes du Cnes nient les propos du recteur en réitérant leurs engagements à poursuivre la lutte jusqu'à l'aboutissement de leurs revendications légitimes en précisant dans une déclaration rendue publique le 9 juin que «(leur) mouvement de grève, qui est à sa cinquième semaine, est maintenu et se poursuivra quelles que soient les intimidations et les pratiques arbitraires». En attendant la décision de la justice, le forum des étudiants, appuyé par la section Cnes, continue à revendiquer avec insistance «le retrait de la plainte et la libération de leur camarade condamné à six mois de prison ferme, le 3 juin dernier». Toutes les activités sont suspendues à l'université de Béjaïa qui vit au rythme d'une crise sans précédent.