Devenu le porte-voix de la thèse complotiste du « grand remplacement », cette propagande néo nazie qui alarme la population française sur la menace supposée d'une déferlante migratoire dans laquelle seraient « emportées » les valeurs et les mœurs d'un Hexagone pétri par la Révolution de 1789, un écrivaillon nommé Eric Zemmour hante, depuis plus d'un an, les plateaux de télévision et les feuilles médiatiques qui veulent bien porter sa griffe. Devenu un habitué de Cnews et LCI, pour ne nommer que ces chaînes de la TNT, il y distille constamment son venin, relayé par quelques admirateurs du même acabit, telle une certaine Charlotte d'Ornelas, fille rancunière de pieds-noirs non assagis, pour dire et redire que tous les malheurs actuels et futurs de la France n'ont qu'une cause et une seule : les immigrés. Et quand Zemmour dit immigrés, il n'a, en fait, qu'un seul bouc émissaire en ligne de mire : les musulmans. Condamné, voici quelques mois à peine, pour « provocation à la haine religieuse », il n'a cure des levées de bouclier qui ne font qu'asseoir davantage sa « notoriété » au titre d'un combat contre « l'universalisme islamique qui écrase nos nations, nos modes de vie, nos cultures… ». « En France, comme dans toute l'Europe, tous nos problèmes sont aggravés par l'immigration ( école, logement, chômage, déficits sociaux, ordre public, prisons…) et tous nos problèmes aggravés par l'immigration sont aggravés par l'islam. C'est la double peine », martèle le rédempteur fondamentaliste qui n'a d'ailleurs rien de chrétien puisque sa famille a surgi d'une région bordjienne pour occuper, pardon j'allais écrire envahir, la France. Un discours qui plaît forcément aux tenants de l'extrémisme version Front national du clan Le Pen, de sorte que, Eric ou pas, Zemmour est devenu un invité de fait, faute d'être de marque, de l'ancienne députée d'extrême droite Marion Maréchal, nièce de Marine Le Pen et petite-fille du fondateur borgne du parti effronté. Pour le prétendu lanceur d'alerte, l'Etat français serait, ni plus ni moins, qu'une « arme de destruction de la nation et de l'asservissement de son peuple, du remplacement de son peuple par un autre peuple, une autre civilisation ». Excusez du peu. Mais le pire est que ses diatribes trouvent, de plus en plus, écho dans des milieux soi-disant bien pensants, de sorte que sa vision pamphlétaire d'un choc des religions, après le choc des civilisations ( vous voyez, il n'a strictement rien inventé), commence à mettre mal à l'aise toute une société orpheline de ses valeurs républicaines au point que certains Gilets jaunes sont devenus des nervis de la cause raciste et xénophobe du RN. Et il n'y a pas que les Gilets jaunes puisque des élues, et pas des moindres, de la République en marche s'alignent allègrement, merci Alphonse, sur la thèse de l'interdiction du voile dans telle ou telle circonstance. En attendant l'interdiction de la foi islamique, tout court ? Probablement. La République en marche arrière a de quoi vous donner un goût d'amertume, n'eut été la vive réaction de son premier chef de cordée, Emmanuel Macron, qui donne du lest sur la nécessité de combattre l'immigration clandestine mais se veut ferme sur le respect des traditions françaises, si indispensables à la diplomatie séculaire sur les côtes africaines.