Aucun pays au monde n'est à l'abri de cette pandémie. Les résultats des analyses effectuées sur les personnes suspectées d'avoir contracté la grippe aviaire à Oran, devraient être connus aujourd'hui ou demain au plus tard. Lesquels résultats vont mettre fin, d'une manière officielle, à la folle rumeur à l'origine d'un vent de panique, consécutif à la mort d'une personne, à Oran, dans des circonstances floues. Ces analyses sont effectuées sur prises de sang des autres patients issus de la même famille que la personne décédée. Ce diagnostic est très attendu par l'opinion nationale, qui cherche à être définitivement rassurée quant à l'origine du germe qui a provoqué la mort d'un citoyen. Pour l'heure, ce sont les autorités sanitaires qui sont formelles quant à l'inexistence en Algérie du fameux virus H5N1. Dans ce sens, l'Etat algérien a débloqué une enveloppe de 8 milliards de dinars pour faire face à une éventuelle pandémie de la grippe aviaire dans notre pays. Cette enveloppe est destinée, selon le ministre, à l'importation de 6,5 millions de doses de l'antiviral Tamiflu, tel que recommandé par l'OMS pour la couverture de 25% de la population. Cependant, ces déclarations «rassurantes» ne sont manifestement pas de nature à mettre le pays à l'abri d'une éventuelle déclaration de la maladie. La question qui mérite d'être soulevée, est de savoir, si en réservant un budget de 8 milliards de dinars, notre pays serait en mesure de faire face à la pandémie, si celle-ci se déclare. Autrement dit, avec 10.000 doses de Tamiflu, actuellement stockées, notre pays pourrait-il vraiment, contrer la pandémie, dans le cas où la menace deviendrait une réalité? Ainsi, d'autres questions s'imposent. Qui en bénéficiera? Quel est le sort réservé aux autres citoyens? D'autant plus que dans son rapport de l'année 2005, l'OMS (Organisation mondiale de la santé), a souligné que «la pandémie de grippe aviaire est inévitable». Pour se rassurer davantage, les experts envisagent deux solutions pour notre pays. La première solution est que l'Etat doit dégager une enveloppe plus considérable, destinée à l'achat du Tamiflu, de sorte à constituer un stock de ce médicament, qui serait suffisant pour protéger tous les citoyens. C'est la politique que mènent quelques pays européens, à l'instar de la France. Les responsables de ce pays, qui dispose actuellement de 14 millions de traitements, soit 140 millions de gélules, font l'objet de critiques de la part d'experts qui signalent que ce pays n'est pas encore prêt à faire face à la pandémie de grippe aviaire. Selon l'analyse avancée par les mêmes spécialistes, la demande en Tamiflu, sur le marché international serait très élevée, dans le cas où la pandémie deviendrait mondiale. Ce qui pourrait, selon eux, provoquer une indisponibilité du médicament sur le marché international. L'autre option proposée est de passer à la production de cet antiviral en Algérie. Dans ce sens, le groupe Saidal a annoncé sa disponibilité à produire ce médicament. C'est ce qu'a confirmé, d'ailleurs, le P-DG de Saidal, M.Aoun. «Le groupe Saidal dispose des capacités techniques pour produire le Tamiflu en temps voulu et en quantité souhaitée, à condition que les autorités sanitaires du pays négocient avec les laboratoires Roche l'autorisation de le produire et trouver une source d'approvisionnement.» En conclusion, afin d'assurer la meilleure protection possible et rassurer les citoyens, les experts estiment que l'Etat doit mettre le paquet, pour produire et stocker le Tamiflu. Les tenants de cette thèse affirment qu'en cas de déclaration de la pandémie, la demande sera tellement forte qu'il est très probable que l'Algérie ne puisse pas se fournir à temps. Dans ce cas, les dégâts seront immenses. En produisant le Tamiflu, notre pays se sera définitivement mis à l'abri. Et dans le cas où la grippe aviaire est vaincue, l'investissement n'aura pas été inutile, puisque la santé des Algériens n'a, en principe, pas de prix. De plus, une pareille mesure (produire localement le Tamiflu) aura une incidence positive sur le moral des Algériens, qui sauront que leur Etat ne ménage aucun effort lorsqu'il s'agit de santé publique.