Au moment où le couvert vert de la wilaya de Annaba, fait encore l'objet d'une destruction massive, à la faveur d'investissements inadaptés et d'urbanisation anarchique, Annaba est, miraculeusement élue première ville verte, une verdure qui, chaque jour qui passe, disparaît du paysage de cette wilaya. Il n'y a qu'à faire un tour sur ses hauteurs pour constater les dégâts causés par le béton. Depuis les monts de l'Edough, Aïn Achir jusqu'à Berrahal et tout le long de la RN44, en passant par Boukhadra, entre autres zones massacrées, la nature semble avoir banni la couleur verte de ses plantes. Hormis quelques buissons et arbustes, Annaba a peu de couverture verte, pour ne pas dire plus rien. Autrefois, durant les pics des grandes chaleurs d'été, les monts de l'Edough et toute la chaîne de Séraïdi, procuraient de la fraîcheur à la ville. Aujourd'hui, ces forêts aux arbres pour la plupart bicentenaires, ne sont qu'un souvenir pour les séniors. Car la nouvelle génération annabie n'a pas une idée de ce qu'était Annaba la verdoyante. Même constat au centre-ville où, des zones vertes ont cédé la place au béton au nom de l'urbanisation, par des promoteurs qui n'ont aucun égard au design et à la synergie. Hormis la verdure du Cours de la révolution qui subsiste et les quelques arbres des deux jardins de l'Edough et d'El Hourrya, Annaba n'a pas de jardin à la mesure de sa renommée de 4e ville d'Algérie. Car, faut-il le souligner, même dans le fameux jardin méditerranéen d'Aïn Achir, implanté au centre d'une zone forestière, il n'y a pas d'arbres. Les siens ont été rasés pour laisser la place à un espace aride sans aucune commodité naturelle. Quant au peu de couvert végétal restant de la wilaya, soit il a été ravagé par les incendies, soit il a été décoloré sous l'effet de la pollution. Outre, les dégâts occasionnés, dans l'indifférence, à la verdure de Annaba, il ya également les dégâts causés aux terres agricoles. Des milliers de terres fertiles ont été englouties par le béton. Dans les quatre coins de la wilaya, le constat fait froid dans le dos. Que de logements sociaux et promotionnels et que de zones industrielles ont été érigés sur des terres agricoles. Ces dernières, autrefois travaillées, reflétaient l'autre vocation de la wilaya, l'agricole en l'occurrence. Le nouveau pôle urbain d'El Bouni et tous les équipements publics réalisés ou en cours de réalisation ont été bâtis sur des terres agricoles en grande partie. De même pour Hadjer Eddis, El Hadjar, Echabia entre autres communes et localités envahies par le béton. Un exemple vivant de ce constat dramatique, la pose de la première pierre d'une école primaire à Tréat, dans la commune de Berrahal, par le ministre de l'Education nationale, Abdelhakim Belabed, lors de sa visite dimanche dernier à Annaba. Cet établissement devant être implanté sur une terre agricole, sa construction a été fortement contestée par le propriétaire de la terre. Cette dernière comme du reste toutes les zones agricoles à haut rendement que compte la wilaya, sont en effet malades d'un urbanisme prédateur qui a déjà coûté à Annaba des dizaines de milliers d'hectares de bonnes terres et le ravage n'est malheureusement pas près de s'arrêter. L'anarchie qui affecte pratiquement tous les maillons de la construction et de l'aménagement urbain, ne reflète pas la verdure qui a placé Annaba comme première ville verte du pays ! Face à ce massacre l'on se demande à plus d'un titre comment Annaba a été classée première ville verte d'Algérie ! Non, ce n'est pas par dénigrement, encore moins par sous-estimation, mais… Toutefois, il faut reconnaître que ce classement a fait la fierté des Annabis qui l'ont vue pour la première fois, se placer en pole position à l'échelon national, alors qu'elle avait tous les atouts pour être élue première ville verte de la méditerranée.