Le marché de change menace de disparaître à terme. Les «cambistes» broient du noir! Les devises et principalement l'euro connaissent une certaine désaffection de la part des acheteurs. Ainsi, l'euro qui se négociait à 120, voire à 130 DA, a connu une baisse relativement vertigineuse. Les «cambistes» n'osent même plus acheter cette devise et beaucoup d'entre eux disent que «le métier n'est plus ce qu'il était». Salah, un ancien de la «branche» qui a une calculette à la place du cerveau et qui est capable de vous donner en un rien de temps les cours des devises étrangères comme s'il était un habitué des places boursières internationales dira: «Le coup est porté par d'abord la loi interdisant l'achat des véhicules de moins de trois ans, ensuite c'est la difficulté d'obtenir un visa auprès des consulats européens, et notamment français, qui en sont la cause!» Aujourd'hui et à suivre les explications des uns et des autres, l'euro est écoulé difficilement à 100 DA, mais cette dernière devise risque de connaître encore une autre baisse et va certainement, d'ici le mois de mars, flirter avec les 90 DA. Les émigrés et principalement les pensionnés semblent les plus touchés par cette situation. Alors qu'auparavant les petites pensions sont valorisées en Algérie sur le marché du change parallèle avec un euro ayant frisé les 140 DA, voire plus il y a de cela quelques années. Aujourd'hui le vieux père Mohand, qui ne touche que 300 euros par mois, arrive certes à vivre aisément au vu surtout de ses besoins qui ne sont guère faramineux mais il avoue qu'au change et comparativement à il y a quelque temps sa «perte sèche» » est d'environ six mille dinars, ce qui pour lui «n'est pas peu!». Et notre vieux bonhomme d'ajouter «avant on venait me solliciter jusque chez moi alors qu'aujourd'hui j'ai un certain mal à les écouler. Fort heureusement, il y a ce riche commerçant qui m'achète tout à la fois!» Renseignements pris, il semble que cette pratique n'est pas nouvelle. En effet, des gros commerçants voulant se faire «une place au soleil ailleurs, essaient d'échapper au fisc en achetant des devises sur le marché parallèle! Mieux encore, et pour ne pas tomber sous le coup de la loi, ils s'arrangent pour que ces pensionnés laissent leur argent en France. Le moment venu, ces retraités remettent aux commerçants des chèques au porteur et le tour est joué!» A Tizi Ouzou, et principalement à Souk El Tenine, la plus importante place des cambistes du marché parallèle, les «journées», dit-on, sont moroses! Plusieurs de ces cambistes disent en effet: «Certes, on peut encore vivre aisément de ce métier, mais les choses ne sont plus ce qu'elles étaient. Aujourd'hui le véritable travail est avec ces candidats à l'émigration vers le Canada : la nouvelle destination des jeunes. Ces jeunes achètent des euros pour ensuite les échanger contre des dollars canadiens ou américains, l'euro étant plus coté, ils réalisent de «petits bénéfices!». Les temps semblent arriver doucement, avec au bout, la disparition de ces cambistes.