L'aviation israélienne a multiplié dans la nuit de vendredi à samedi les frappes contre des sites présumés du Hamas dans la bande de Ghaza, faisant au moins un mort, prétextant comme à son habitude un barrage de roquettes tirées depuis l'enclave palestinienne vers Israël. Vendredi soir, après le début du shabbat, une dizaine de roquettes auraient été lancées vers la ville israélienne de Sdérot (sud), limitrophe de la bande de Ghaza, deuxième incident du genre en deux nuits, après environ six semaines d'accalmie. L'armée israélienne a annoncé avoir intercepté huit de ces roquettes grâce à son bouclier antimissile «Dôme de fer». Une roquette a toutefois touchée une maison de Sdérot sans faire de blessés, mais causant des dommages matériels, a indiqué la police israélienne. En « représailles », les avions israéliens ont bombardé en pleine nuit des « cibles du Hamas », le mouvement islamiste armé qui contrôle la bande de Ghaza, enclave où vivent deux millions de Palestiniens sous blocus israélien. Les frappes, qui ont été entendues du nord au sud de la bande de Ghaza, ont touché un site naval, un complexe militaire avec des «simulateurs antimissiles», des «infrastructures souterraines», une fabrique d'armes et un entrepôt, toujours d'après l'armée israélienne. Le ministère de la Santé à Ghaza a fait état tôt samedi matin d'au moins un mort, un Palestinien de 27 ans, et d'au moins deux blessés graves dans les bombardements israéliens qui ont aussi causé «d'importants dégâts matériels», selon une source sécuritaire sur place. Samedi matin, des Palestiniens s'agglutinaient devant un cratère, profond de plusieurs mètres et creusé dans un sol sablonneux dans le sud de l'enclave, tandis que d'autres marchaient sur des débris de ciment et de métal, constatant l'étendue des dégâts. Une source au sein du Hamas a aussi indiqué que le mouvement islamiste avait ouvert le feu contre un avion israélien menant des frappes, qui ont aussi ciblé des installations du Jihad Islamique, un autre groupe armé influent dans la bande de Ghaza, selon des responsables sur place. Ces frappes contrastent avec le calme relatif qui régnait ces dernières semaines le long de la barrière entre Ghaza et Israël, après une série de tirs de roquettes et de frappes aériennes au mois d'août, ayant fait craindre une escalade entre le Hamas et l'Etat hébreu, qui se sont livré trois guerres dans l'enclave depuis 2008. Israël tardait à approuver l'entrée de millions de dollars d'aide que le Qatar livre chaque mois à Ghaza, dans le cadre d'un accord de trêve négocié avec l'ONU, l'Egypte et ce petit émirat du Golfe qui entretient des relations privilégiées avec le Hamas tout en maintenant des contacts avec l'Etat hébreu. Au final, les roquettes et les frappes de représailles se sont tues peu avant les élections israéliennes qui n'ont pas abouti à une victoire claire du Premier ministre sortant Benjamin Netanyahu ou de son rival Benny Gantz, qui était chef de l'armée lors de la dernière guerre de Gaza, en 2014. Si les bombardements le long de la frontière avaient cessé ces dernières semaines, Ghaza restait toutefois le théâtre de heurts, les vendredis, lors de manifestations dénonçant le blocus israélien et demandant le retour des réfugiés palestiniens sur les terres dont ils ont été chassés lors de la création d'Israël en 1948. Ces manifestations se concentrent, du côté ghazaoui, tout au long de la large barrière contrôlée par l'armée israélienne. Vendredi, plus de 90 Palestiniens ont été blessés par les forces israéliennes lors de ces protestations, dont une cinquantaine par balles, selon le ministère local de la Santé.